Le bilan de 2023 se dessine pour les veaux laitiers, et un constat se dégage : l’offre continue de reculer. « Malgré un pic encore présent à l’automne, les naissances diminuent globalement », observe Ilona Blanquet, agroéconomiste à l’Institut de l’élevage (Idele). En octobre dernier, les naissances de veaux issus de vaches laitières étaient en repli de 2,7 % par rapport à 2022.
89 000 naissances de moins sur dix mois
« En cumul sur dix mois, 2 574 000 veaux issus de mère laitière sont nés en France, soit une nette baisse de 89 000 naissances d’une année sur l’autre », calcule l’Idele. Ce recul de 3,3 % est le reflet d’un cheptel laitier en constante diminution. Bertrand Bardet, directeur du marché de Bourg-en-Bresse (Ain), déplore les conséquences de cette décapitalisation. Selon lui, il y a un réel « désintérêt pour la filière laitière. »
Le responsable des ventes du marché de La Talaudière (Loire) voit la situation d’un autre œil. « Certes, beaucoup d’éleveurslaitiers cessent leur activité. Il y avait trop d’offre de veaux pour la demande française », assure-t-il.
Des cours décevants
Du côté des prix, le responsable de La Talaudière considère que son marché a « limité la casse en 2023. Nous n’avons pas subi de baisse sur les bons veaux ». Il note même une lueur d’espoir au début de cette année 2024, notamment avec « un petit rebond des tarifs le mardi 2 janvier 2024, de quoi redonner un peu d’élan ». À Bourg-en-Bresse, Bertrand Bardet considère cette filière comme « sinistrée », empreinte d’un « commerce morose ».

À la fin de 2023, les prix des veaux sont « retombés à leur bas niveau habituel à pareille époque », indique l’Idele. Durant la première semaine de décembre, le veau mâle de type laitier de 45 à 50 kg était coté 54 € par tête, « après un sursaut de 3 euros en une semaine ». C’est 5 euros de moins que la cotation de 2022, alors légèrement plus élevée que de coutume. Le cours du veau mâle de 50 à 55 kg s’établissait de son côté à 76 € par tête, en baisse de 8 € par rapport à 2022.
L’Espagne sauve la mise
Bertrand Bardet souligne l’importance des exportations. « Les envois vers l’Espagne nous aident à maintenir des cours corrects sur les veaux de qualité, explique-t-il. Ce débouché se porte plutôt bien ». Ilona Blanquet, de l’Idele, confirme que la « demande espagnole est plutôt stable et ferme ».
De son côté, le responsable des ventes de La Talaudière a dû gérer les conséquences de la maladie hémorragique épizootique (MHE) sur les échanges. Entre le 20 septembre et le 10 octobre dernier, « tout l’export a été arrêté. Nous avons eu une forte baisse sur les prix car l’offre était bien trop grande pour la demande. »

Une baisse des apports a aussi été constatée. « Ça a semé letrouble, mais désormais, les exportations redémarrent assez bien. » Lors de cette période de suspension des exportations, « les veaux laitiers de la zone régulée ont été décotés durant une à deux semaines, le temps que l’Espagne rouvre ses frontières aux veaux provenant de la zone régulée », retrace Ilona Blanquet.