La flambée du prix des intrants et la sécheresse en 2022 ont fortement impacté le cheptel d’ovins allaitants en France. « Les effectifs de brebis et agnelles saillies auraient reculé de 6 % entre novembre 2021 et novembre 2022, selon le SSP (1) », soulignait Cassandre Matras, de l’Institut de l’élevage, lors d’un webinaire sur la filière ovine organisé le 9 juin 2023. Toutes les régions sont concernées par la baisse du cheptel reproducteur, sauf la Provence-Alpes-Côte d’Azur où il parvient à se maintenir. La Nouvelle-Aquitaine a perdu 46 000 têtes, soit 6 % de son effectif ; l’Occitanie, 113 000 têtes, soit 14 % d’animaux en moins.

La cotation de l’agneau lourd entrée abattoir, continue quant à elle de s’accrocher à son niveau historique. Elle s’établissait à 8,15 €/kg de carcasse la semaine 25 du 19 au 25 juin. « En moyenne, elle surplombe de 0,39 €/kg de carcasse son niveau de 2022, de 0,94 €/kg de carcasse celui de 2021 et de 1,71 €/kg de carcasse celui de 2020 », ajoute l’experte. L’offre, toujours en retrait par rapport à une demande également faible, explique la bonne tenue du prix. Celui-ci a néanmoins fléchi depuis Pâques. C’est une tendance habituelle : après les fêtes, les achats diminuent plus que l’offre.
Les abattages d’agneaux s’effondrent
En lien avec la baisse du cheptel, les abattages d’agneaux se sont effondrés. Sur les quatre premiers mois de 2023, ils accusent un repli de 11 % par rapport à la même période de 2022. La baisse des importations d’agneaux vivants explique également ce repli. Du côté des réformes, la hausse des abattages a ralenti au début de l’année. Ils n’augmentent que de 1 % par rapport à l’an passé, alors qu’ils s’affichaient à +5 % au début de 2022, par rapport aux quatre premiers mois de 2021.

Au final, de janvier à avril 2023, la production française de viande ovine, à 26 000 tec, enregistre un recul de 10 % par rapport à 2022. La baisse des abattages est quasi constante semaine par semaine d’une année sur l’autre, selon le relevé Ovinfos fourni par Interbev. « Même au cours de la semaine 21 qui comptait pourtant un jour férié en 2022, les abattages étaient plus élevés de 7 % par rapport à 2023 qui comptait 5 jours ouvrés », observe Cassandre Matras.
Pour combler le déficit de viande, les importations françaises (20 000 tec) ont augmenté de 9 % au premier trimestre de 2023, par rapport à la même période en 2022. « Mais comme les dates de Pâques sont décalées d’une année sur l’autre, mieux vaut attendre le résultat d’avril pour analyser la situation », explique Cassandre Matras. Le Royaume-Uni a toutefois augmenté ses envois de 23 % par rapport à 2022 et l’Irlande de 7 %, alors que la Nouvelle-Zélande et l’Espagne ont réduit leurs expéditions de respectivement 6 % et 18 %. Le niveau des importations au premier trimestre de 2023 reste cependant inférieur de 10 % à la moyenne de 2015 à 2019, avant la pandémie de Covid-19.
(1) Service de la statistique et de la prospective du ministère de l’Agriculture.