« 2022 a été une année compliquée pour le secteur porcin chinois », constate Elisa Husson, économiste pour Chine Abcis, site d’information consacré à l’analyse de l’économie de l’élevage de l'empire du Milieu. Si sa production porcine a progressé, d’importantes fluctuations en termes d’offre et de demande ont mis à mal les éleveurs et la filière. De mauvaises conditions sanitaires ont ainsi fait grimper les abattages au premier semestre de 2022, tirant les prix vers le bas : –44 % par rapport au premier semestre de 2021. Face à cette volatilité du marché et à la fragilité économique des élevages, le gouvernement chinois tente de réagir.
« Dès que l’offre se fait trop dense, l’État retire du marché et met en réserve un certain volume de viande de porc pour soutenir les prix », explique Elisa Husson. Cette stratégie, mobilisée au premier semestre de 2022, s’est avérée payante : la contraction du cheptel liée à la hausse des abattages a été compensée par les stocks de l’État au deuxième semestre de 2022. Résultat, les prix à la production ont bondi de 53 % par rapport à 2021. Et au début de 2023, c’est la même rengaine : « Le niveau de prix actuel ne permet pas de rentabiliser les élevages », observe le Marché du porc breton (MPB) dans sa note de conjoncture de février, et le gouvernement a réagi en retirant 20 000 tonnes de viande du marché pour reconstituer ses réserves stratégiques.
Vers la souveraineté alimentaire
Quel est l’enjeu à long terme pour la Chine ? Moins dépendre des pays exportateurs pour se rapprocher de la souveraineté alimentaire. Ainsi en 2022, les importations de viande et coproduits du porc ont baissé de 34 % par rapport à 2021 avec 2,9 millions de tonnes. Le gouvernement de Xi-Jinping sécurise aussi ses approvisionnements d'intrants pour assurer sa production de porc : les stocks de matières premières sont au plus haut et « certains exportateurs ont vidé leurs réserves pour fournir la Chine, constate l’Institut du porc (Ifip). Cela tend la situation du marché mondial. »