La recherche de compétitivité restera le point d’orgue de cette campagne, à l’heure où les conditions climatiques restent presque idéales dans les principales zones de production dans le monde. L’offre confortable en hémisphère Nord pèse sur les cours, et vient s’ajouter aux conditions climatiques idéales en hémisphère Sud sur la fin de cycle des blés.
Retour du soutien à confirmer
Après un plus bas depuis plus d’un an atteint il y a dix jours, le blé à Rouen retrouve un peu de soutien pour s’afficher à près de 190 €/t. Le contexte fondamental reste très lourd au sein du complexe céréalier, et les bonnes conditions climatiques sur la fin de cycle ont permis un ajustement à la hausse des productions sur de nombreux exportateurs. Les perspectives de production au Canada, en Argentine, ou encore et surtout en Australie, se sont ainsi améliorées depuis plusieurs semaines et nos perspectives de production ont gagné 6 millions de tonnes chez les grands exportateurs. La production devrait atteindre plus de 410 millions de tonnes chez les huit grands exportateurs, un record historique jamais atteint.
Dans ce contexte, les importateurs restent patients et ne reviennent que progressivement sur le marché. Une possible hausse de la part de l’Iran ou encore du Pakistan redonne de l’espoir aux opérateurs et permet un récent rebond des cours. D’autres acheteurs mondiaux comme l’Arabie saoudite, la Tunisie ou l’Algérie ont ralenti leurs achats ces derniers mois mais pourraient faire leur retour dans les jours ou semaines à venir.
Le rebond de l’euro/dollar cette semaine en touchant momentanément un plus haut depuis quatre ans à 1,19, pénalise le blé européen dans sa quête de compétitivité. Les prix Mer noire restent fermes à court terme, alors qu’en Russie les problèmes de logistique dans les régions du Centre et Volga ralentissent l’arrivée des marchandises dans les ports à court terme. L’abondance de l’offre à moyen terme restera un élément de pression sur les cours, faute d’une hausse drastique de la demande sur la scène internationale.
La demande devra persister pour soutenir les cours de l’orge
Les orges tentent toujours de contrer la morosité ambiante sur les céréales, et s’affichent relativement stables à 183 €/t à Rouen en base juillet depuis le début du mois de septembre et après la chute des cours sur la période estivale. De même que sur le blé, l’abondance d’offres est l’élément principal de pression.
En Australie, la production d’orge est révisée à la hausse à 15,8 millions de tonnes, portée par des conditions climatiques optimales, ce qui renforcera la concurrence sur la scène internationale, notamment à destination de la Chine. Au Canada, le rapport StatCan affiche une production en hausse sur un an à 8,2 millions de tonnes, ajoutant encore à un large disponible mondial. La demande estivale a été le principal moteur du récent soutien des cours, mais cette dernière devra persister pour maintenir une certaine fermeté. Les prochains achats pourraient provenir de l’Arabie saoudite, de la Libye, ou encore de la Turquie, même si pour l’instant aucune demande n’a été concrétisée.
L’orge brassicole quant à elle poursuit son déclin à Creil à 183 €/t. Le manque de demande entraîne la prime brassicole sous les 10 €/t à 8 €/t à Creil, causant de plus en plus de déclassements en orges fourragères.
Le colza évolue toujours dans son canal à 470-490 €/t
Les cours du colza Fob Moselle affichent un rebond de plus de 15 €/t depuis deux semaines à 476 €/t, portés par des éléments de soutien à court terme. Depuis début septembre, l’Ukraine a mis en place une nouvelle taxe à l’export de 10 % sur le colza et le soja, entraînant une restriction des flux de graines vers l’Europe. Principal fournisseur de graines pour le Vieux continent, cette mesure crée une tension à très court terme.
De plus, la trituration du colza se met en place en Europe et le mois d’août a été particulièrement actif. Selon l’association européenne de l’industrie des huiles végétales (Fediol), 1,8 million de tonnes de graines de colza européennes ont été triturées en août, soit une hausse de 100 000 tonnes par rapport à la moyenne à cinq ans habituellement observée à cette date.
Ces nouvelles seront toutefois compensées par l’annonce de la part de StatCan dans son dernier rapport d’une hausse de production à 20,03 millions de tonnes de canola, soit la plus importante récolte depuis 2018. Dans ce contexte, le canola canadien reste sous pression, et participe à limiter la hausse des cours du canola dans le monde. Enfin en Europe, le potentiel de hausse du colza sera limité à plus long terme alors que les disponibilités actuelles de l’Union européenne sont confortables cette année, en attendant l’arrivée des flux ukrainiens.
Léger rebond du soja en Europe
Depuis un plus bas atteint début août à Montoir à 300 €/t, les cours du tourteau délivré Montoir ont trouvé un certain soutien pour atteindre les 323 €/t. Aux États-Unis, les exportations hebdomadaires de soja restent dynamiques à 923 000 tonnes, participant au soutien des cours, malgré les incertitudes persistantes quant au débouché chinois. La trituration est, elle aussi, particulièrement importante aux États-Unis, atteignant de nouveaux records en août. Dans ce contexte, les stocks d’huile, historiquement bas, contribuent à maintenir une forte demande industrielle.
Enfin le marché du biodiesel reste flou. Si les perspectives d’incorporation de biodiesel aux États-Unis en 2026 restent plus importantes que cette année, le manque de clarté pénalise la fermeté des cours. L’Agence de protection de l’Environnement (EPA) a fait mardi plusieurs propositions de réallocations des volumes des petites raffineries exemptées d’incorporation sur les grandes raffineries, mais sans prendre une position très claire.
(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.
À suivre : évolution des récoltes aux États-Unis ; poursuite des négociations entre la Chine et les États-Unis ; évolution de la parité euro/dollar ; weather market dans l’hémisphère sud.