Selon le Conseil international des céréales (IGC), les stocks mondiaux de la campagne de 2025-2026 devraient progresser par rapport aux dernières campagnes malgré une demande à l’exportation et une consommation attendues en hausse pour les céréales. Cette augmentation s’explique principalement par une hausse des disponibilités en maïs à l’échelle mondiale, et tout particulièrement aux États-Unis.

En revanche, les niveaux de stocks chez les principaux pays exportateurs de blé devraient rester équivalents à ceux de l’an dernier, ce qui constitue un élément rassurant après la récente phase de repli des cours.

Rebond du blé à confirmer

Les cours du blé en France ont connu une semaine agitée. Au début de la semaine, les prix à Rouen sont revenus tout près des plus bas de juillet, autour de 192 €/t en base juillet. Par la suite, soutenus par une compétitivité retrouvée et surtout par le retour des flux d’affaires à l’exportation, les prix ont amorcé une hausse. Ce rebond reste toutefois modéré, en raison des volumes disponibles et du différentiel de prix actuel entre les origines françaises et les blés de la mer Noire.

En cette fin de semaine, les prix reviennent à des niveaux équivalents à ceux de la semaine précédente, effaçant ainsi le recul récent. La dynamique de chargement à l’exportation devra rester soutenue cette campagne au départ de la France, compte tenu des volumes de production.

Les derniers chiffres publiés par FranceAgriMer viennent rassurer sur la qualité de la récolte estivale et sur son potentiel de débouchés. À ce jour, les résultats d’analyses indiquent que 65 % des volumes collectés présentent une teneur en protéines égale ou supérieure à 11 %, ce qui répond aux exigences des cahiers des charges des acheteurs, tant à l’exportation qu’au sein de l’industrie alimentaire. La récolte étant désormais finalisée, ces chiffres devront encore être affinés.

En qualité fourragère, la part de la récolte est logiquement bien plus faible que l’an dernier à la même période. Toutefois, compte tenu des volumes disponibles, les besoins du débouché alimentation animale devraient être bien couverts. L’avancée des récoltes en Europe et dans la zone mer Noire reste un élément à suivre de près, d’autant que le Conseil international des céréales (IGC) a révisé cette semaine à la hausse ses perspectives de production mondiale de blé pour la campagne de 2025.

Hausse des prix en zone portuaire des orges fourragères

Les cours des orges fourragères en zone portuaire sont repartis à la hausse, repassant en milieu de semaine au-dessus de 190 €/t en base juillet équivalent Rouen. Ce mouvement marque un net changement de tendance après les baisses observées en début de mois. Toutefois, la reprise reste limitée, notamment après le recul général des prix des céréales et des orges en particulier. Les vendeurs demeurent peu actifs pour le moment, ce qui freine les transactions et pousse les acheteurs à ajuster leurs offres.

Ce mouvement haussier est surtout visible en zone portuaire, où l’activité à l'exportation s’est renforcée depuis le début de la campagne. Les exportateurs français cherchent désormais à sécuriser les volumes pour les chargements programmés, notamment jusqu’en septembre, à destination de la Chine. Le marché intracommunautaire reste également dynamique, avec des acheteurs espagnols qui se repositionnent, attirés par les niveaux de prix et après les fortes chaleurs ayant affecté le potentiel de production locale.

Cette hausse des prix des orges fourragères intervient alors que les cours des orges de printemps poursuivent leur repli. La dynamique baissière se confirme à mesure que les rendements dans les zones de production d’Europe du Nord s’avèrent meilleurs que prévu. Ces éléments rassurent les brasseurs européens quant aux disponibilités en orges de brasserie, dans un contexte de consommation de malt et de bière toujours morose pour la campagne de 2025-2026.

Consolidation des prix du colza au-dessus des supports

Les cours de la graine de colza ont peu évolué cette semaine, s’efforçant de se maintenir au-dessus du seuil des 470 €/t sur le marché du Fob Moselle. Depuis le début du mois, les prix oscillent dans une fourchette relativement étroite, entre 470 et 480 €/t. La graine de colza bénéficie toutefois du soutien apporté par le raffermissement des prix de l’huile de colza en Europe. À Rotterdam, l’huile de colza se négocie de nouveau au-dessus de 1 040 €/t sur les échéances rapprochées. En France, les résultats de la récolte de 2025, avec des taux d’huile en nette hausse — en moyenne supérieurs à 45 % — par rapport à l’an dernier, permettent une bonne valorisation finale des graines.

Les vendeurs européens suivent avec attention les négociations en cours entre le Canada et la Chine, à la suite de l’instauration de nouvelles taxes antidumping. La Chine impose désormais un droit antidumping de +75,8 % sur les importations de graines de canola canadiennes, son principal fournisseur. Cette mesure accentue les tensions déjà vives entre les deux pays, après les taxes imposées sur les importations d’huile et de tourteaux de canola. Sans résolution de cette situation, la Chine devra se tourner vers d’autres origines pour son approvisionnement, poussant ainsi le canola canadien vers d’autres destinations.

Cette année, la production canadienne de canola est annoncée en hausse, dans l’attente des prochaines estimations de StatCan. Elle devrait entraîner une augmentation des stocks de fin de campagne, les perspectives de demande étant bien moindres que l’an dernier. Ce contexte limite les cours de la récolte de 2025 en canola canadien, qui parviennent néanmoins à rebondir après avoir touché leurs plus bas niveaux depuis quatre mois.

Prix européen du soja en hausse

Les cours des tourteaux de soja poursuivent leur rebond après les plus bas enregistrés en début de mois. Une nouvelle progression a ainsi été observée au cours de la semaine écoulée, avec des prix en délivré Montoir atteignant 325 €/t pour des livraisons spot, et 335 €/t pour des livraisons à partir de novembre.

En cette période estivale, marquée par l’absence de nombreux acheteurs, les volumes d’affaires restent limités. La hausse des prix reflète donc principalement l’évolution du marché américain, où les cours des tourteaux continuent de progresser, atteignant désormais des niveaux comparables à ceux de la mi-juin. Face aux disponibilités annoncées en tourteaux, liées à l’augmentation de l’activité de trituration, les opérateurs américains suivront avec attention les réponses de l’administration aux demandes d’exemption formulées par certaines petites raffineries concernant les taux d’incorporation de biocarburants. En effet, en cas de réaffectation de ces volumes vers des raffineries de plus grande taille, la demande en huile de soja pourrait s’intensifier aux États-Unis, stimulant ainsi l’activité de trituration et, par conséquent, l’offre en tourteaux.

À l’échelle mondiale, la production de graines de soja est toujours attendue en hausse pour la récolte de 2025, et ce malgré la récente révision à la baisse des surfaces annoncée par l’USDA aux États-Unis. Le potentiel de rendement y reste élevé, comme le confirment les comptages réalisés sur le terrain, qui font état d’un nombre important de gousses et de bonnes conditions de culture.

(1) Argus Media, société spécialisée dans le suivi des marchés des matières premières, nous livre son analyse agricole hebdomadaire.

À suivre : évolution de la position des fonds sur les marchés financiers agricoles à l’approche de la fin d'août ; publication ce vendredi des estimations du rendement en maïs qui fait suite au Pro Farmer Crop Tour ; mouvement de détente de la parité de l'euro par rapport au dollar, suivi des prochaines estimations au Canada du potentiel de production de la récolte de 2025 par Statistique Canada.