Le maïs américain, pilier des exportations agricoles des États-Unis, se retrouve pris au piège des décisions protectionnistes de Donald Trump. Premier producteur mondial, le pays consomme 85 % de sa récolte en usage domestique, réparti entre l’alimentation animale et la fabrication d’éthanol. Cependant, les exportations sont essentielles à l’équilibre du marché.

Le Mexique capte 40 % de ces volumes. De son côté, le Canada constitue le plus important débouché pour l’éthanol avec 35 % des échanges. Or, s’ils sont appliqués, les nouveaux droits de douane imposés par Washington risquent de bouleverser cet écosystème.

Le Mexique et le Canada sont deux débouchés importants pour les exportations de maïs des États-Unis.

L’incertitude vecteur de volatilité

Une taxe de 25 % serait appliquée sur les importations mexicaines et canadiennes et les droits de douane sur les produits chinois seraient fixés à 20 %. Ces décisions ont immédiatement suscité des réactions en chaîne : Ottawa a riposté avec des taxes équivalentes sur 20 milliards de dollars de produits américains, tandis que Pékin a relevé de 10 à 15 % les droits sur les denrées agricoles importées des États-Unis. Ce bras de fer commercial modifie en profondeur les flux d’exportation. La Chine, qui avait déjà restreint ses achats de maïs états-unien au profit des origines sud-américaines, accentue encore son désengagement en y appliquant de nouvelles taxes.

Le secteur de l’éthanol est également impacté. Le Canada pourrait être tenté de revoir sa politique d’approvisionnement, menaçant une industrie déjà sous tension. Quant au Mexique, premier client du maïs grain américain, il risque de subir une hausse des coûts d’importation, accentuant le spectre de l’inflation.

L’ensemble des marchés céréaliers concernés

Les déclarations contradictoires du président américain impactent la volatilité des prix. La confusion règne et déstabilise les opérateurs de marché. Face à cette montée des tensions, les marchés ont violemment réagi. En l’espace de dix jours, les investisseurs ont cédé à la panique, provoquant une chute vertigineuse des cours du maïs à la Bourse de Chicago.

Évolution du prix du maïs à la Bourse de Chicago.

Les prix ont dégringolé de 11 % en l’espace de quinze séances, leur plus bas niveau depuis la mi-décembre. La baisse s’étend à l’ensemble des marchés céréaliers à l’instar des cours du blé de part et d’autre de l’Atlantique. Sur Euronext, les prix ont cédé près de 20 €/t sur les quinze derniers jours.

Pour l’instant la géopolitique domine le marché des grains. Pourtant, d’autres facteurs, comme les risques climatiques, pourraient bientôt refaire surface. À l’aube du démarrage des semis dans la Corn Belt et de la période cruciale pour l’élaboration des rendements des blés de l’hémisphère Nord, les fondamentaux pourraient prendre à nouveau l’ascendant sur l’évolution des prix dans les prochaines semaines.