FranceAgriMer a présenté, le mercredi 18 septembre 2024, sa deuxième prévision pour la campagne française de 2024-2025. Construite à partir de données déclaratives à un mois de campagne, à la fin de juillet, et des estimations actualisées d'Agreste du ministère de l’Agriculture au 1er septembre 2024, il s’agit d’une mise à jour plus précise que celle présentée en juillet 2024.
FranceAgriMer estime le stock final de blé tendre français de la campagne de 2023-2024 à 3,170 millions de tonnes. « Il est constitué des stocks chez les collecteurs, les transformateurs dont les fabricants d’aliments du bétail et les amidonniers, et les silos portuaires », précise Maria Gras, cheffe adjointe de l’unité des grains et du sucre de FranceAgriMer.
Considérant une production à 25,78 millions de tonnes (données du ministère de l’Agriculture), l’organisme table sur une collecte à 23,52 millions de tonnes. Les importations sont prévues en hausse, à 250 000 tonnes, soit un niveau deux fois plus élevé que lors de la précédente campagne. Elles correspondent « à des demandes spécifiques de certaines qualités », indique Maria Gras. Elles restent « marginales » et « viennent souvent de pays limitrophes », souligne Benoît Piètrement, président du conseil spécialisé des grandes cultures de FranceAgriMer. Leur évolution sera surveillée au cours de la campagne, car « il risque d’y avoir d’autres besoins », ajoute ce dernier.
Fort recul des exportations de blé tendre vers les pays tiers
Les exportations françaises sont, quant à elles, prévues à 10,11 millions de tonnes, soit 4,4 millions de tonnes de moins que la précédente campagne (–39 % sur un an). Elles sont prévues en retrait de 4 % sur un an vers l’Union européenne (UE) à 6 millions de tonnes, et en fort recul vers les pays tiers, à 4 millions de tonnes (–61 % sur un an). Cela s’explique par « une concurrence avec la Russie et les pays de l’Est en général, mais aussi par notre problème de poids spécifiques », note Benoît Piètrement. Le travail des lots aidera, mais ne fera pas tout. « On cumule plusieurs facteurs négatifs, résume Benoît Piètrement. Sur le Maghreb, la Russie prend la place. » Par ailleurs, outre la meilleure compétitivité des prix en mer Noire comparativement à la France, la qualité du blé tendre en Ukraine se révèle meilleure qu’attendue, complète Clémence Lenoir, chargée d’études économiques à FranceAgriMer sur les grandes cultures.
Le stock de la fin de la campagne de 2024-2025 est prévu à ce jour à 2,74 millions de tonnes, en recul de 14 % par rapport à la précédente campagne. Les dernières données des douanes disponibles, à la fin de juillet 2024, indiquent que 0,9 million de tonnes de blé français ont été exportées durant le premier mois de la campagne de 2024-2025, contre 1,1 million de tonnes en juillet 2023.
Les exportations d’orge et blé dur également en retrait
En orges, le stock final de 2023-2024 s’établit à 1,27 million de tonnes. La récolte d’orge est prévue à 10,5 millions de tonnes par le ministère de l’Agriculture, et le disponible exportable est estimé à 5,02 millions de tonnes.
Le volume exporté vers les pays tiers, anticipé à 2,2 millions de tonnes, est en nette baisse de 43 % sur un an, tandis que celui destiné à l’UE, à 2,8 millions de tonnes, recule de 5 %. « Les exportations de malt sont quasiment au même niveau que l’an dernier, à 1,27 million de tonnes », ajoute Maria Gras. Le stock final de 2024-2025 sera moins tendu que la précédente campagne, à 1,45 million de tonnes (+14 % sur un an).
En blé dur, le stock de report de la campagne de 2023-2024 est estimé à 136 000 tonnes. La collecte baisse de 7 % sur un an, à 1,16 million de tonnes (la production atteint 1,18 million de tonnes, selon le ministère de l’Agriculture). Les importations françaises sont prévues en hausse de 50 % sur un an, à 15 000 tonnes. Les exportations sont, quant à elles, en baisse de 10 % sur un an, à 770 000 tonnes, dont 680 000 tonnes vers l’UE (–9 % sur un an) et 90 000 tonnes vers pays tiers (–18 % sur un an). Le stock final de 2024-2025, en hausse de 45 % sur un an à 155 000 tonnes, sera « beaucoup moins tendu que ce qu’on a pu voir en 2023-2024 », détaille Maria Gras.
Le maïs, seule note positive
La production de maïs grain (hors maïs humide) est estimée par le ministère de l’Agriculture à 13,394 millions de tonnes. « C’est la seule céréale pour laquelle on a une variation positive de production » en 2024-2025, note Maria Gras. Le stock de report est attendu à 1,99 million de tonnes. Compte tenu du niveau de la production, FranceAgriMer a légèrement abaissé les prévisions d’importations françaises, à 300 000 tonnes (–9 % par rapport à 2023-2024).
Du côté des utilisations domestiques, le poste de l'amidonnerie progresserait de 13 % sur un an, à 1,7 million de tonnes, et celui des fabricants d’aliments du bétail de 7 %, à 3 millions de tonnes. Les volumes exportés seraient également en hausse de 8 % sur un an, à 4,53 millions de tonnes, en grande majorité destinés à l’UE (3,93 millions de tonnes, contre 0,5 million de tonnes vers les pays tiers). « On arrive à un stock final de 2,62 millions de tonnes, en hausse de 32 % par rapport à la précédente campagne », signale Maria Gras. Cette dernière note par ailleurs qu’à la fin de juillet 2024, en lien avec l’augmentation de la production, « on a déjà des exportations françaises qui sont supérieures à celle de la fin de juillet 2023. »