À l’occasion d’une réunion d’information organisée le 12 janvier 2024, le groupe Sénalia a fait le bilan de ses exportations de céréales, pour la campagne de 2022-2023. Avec 4,1 millions de tonnes, cette activité réalise ainsi un score similaire à la campagne précédente. « La différence est plutôt faite sur la répartition mensuelle, avec une moisson terminée le 28 juillet 2023 et des activités à l'exportation qui ont démarré très rapidement », précise Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia.
L’orge de brasserie, notamment, présente une belle performance : « Sur ce produit, on fait toujours de mieux en mieux [+ 13%, soit 460 000 tonnes exportées] et cela grâce à notre forte capacité d’allotement et de ségrégation des produits », ajoute-t-il.
Améliorer le transport
Le transport dit massifié gagne également du terrain sur les modes d’apports, en passant de 39 à 42 % sur un an. La part du train progresse notamment de 3 points, pour atteindre 10 %. « Sur ce sujet, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir », nuance Gilles Kindelberger. Selon lui, les moyens logistiques devraient être davantage mis en commun au niveau des silos, chez les organismes stockeurs.
La voie fluviale présente une belle performance, avec près de 1 200 péniches déchargées sur la campagne. Là encore, le groupe voit des marges de progression : « L’axe Seine devrait être davantage utilisé pour aller du bassin Est Parisien à Rouen puis Le Havre », estime le directeur général. Sur ce sujet, un ouvrage appelé « chatière » devrait prochainement voir le jour sur un des ports du Havre, pour en permettre l’accès aux péniches et barges.
Du retard sur 2023-2024
Concernant la campagne en cours, depuis le 1er juillet 2023, Sénalia accuse un retard conséquent sur son activité céréalière, d’un peu plus de 30 % par rapport à l’an passé. Dans le détail, le blé est en retard de 52 % et l’orge de brasserie, de 43 %. L’orge fourragère présente, quant à elle, une bonne performance, avec 631 000 tonnes chargées contre 293 000 tonnes l’année dernière, soit une progression de 115 %.
« Ce retard n’est pas dû à la qualité [de certains lots ayant été impactés par la pluie lors de la moisson], mais plutôt à la compétitivité des blés français par rapport au marché mondial, estime le directeur de Sénalia. On voit l’importance de la Russie dans les échanges mondiaux de blé tendre, avec +140 % de potentiel exportable entre 2013-2014 et 2022-2023. Au global, Ukraine, Russie et Kazakhstan ont plus que doublé leurs volumes exportés sur les dix dernières années. »
Demande africaine
Ainsi, des destinations comme l’Algérie tendent à diminuer, en raison d’évolutions du cahier des charges qui permettent l’importation de blés d’origine mer Noire. Avec la Chine et le Maroc, l’Algérie reste tout de même dans le trio de tête des exportations de Sénalia : ces trois destinations représentaient 61 % des volumes exportés sur 2022-2023.
« Les besoins en Afrique vont être de plus en plus importants à l’avenir, ajoute Gilles Kindelberger. En France, on n’est pas parti pour produire davantage, entre les contraintes environnementales, la demande sociétale… Mais il se peut qu’on ait un peu plus de disponibilités à l’exportation en blé, grâce à la baisse de la consommation en alimentation animale. »