Sylvie Colas et Véronique Marchesseau, respectivement secrétaire nationale et secrétaire générale de la Confédération paysanne, étaient auditionnées par la commission aux affaires économiques de l’Assemblée nationale le 25 septembre 2024. À l’instar des autres syndicats agricoles interrogés par les députés, la Confédération paysanne a répété ses priorités législatives pour les prochains mois, alors que « le monde agricole est en crise depuis très longtemps », a souligné Véronique Marchesseau en introduction.

Actualité oblige, le syndicat a redit toute son inquiétude pour l’élevage français sur le front sanitaire. « Il faut que vous ayez très vite un message très fort et mettiez la pression sur le gouvernement pour que, très vite, on ait une avancée sur la prise en charge de tous les frais liés à ces maladies. Et évidemment la disponibilité des vaccins et leur prise en charge quelle que soit la maladie, quel que soit le territoire », plaide Sylvie Colas.

« On ne peut plus travailler avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête avec ce virus, poursuit-elle. Peu importent nos pratiques et quelles que soient nos positions par rapport à la vaccination. Tous les éleveurs sont concernés », alerte-t-elle.

Prix minimum et agroécologie

Véronique Marchesseau a poursuivi sur les éléments plus structurels de la crise, notamment ce qui avait déclenché les manifestations du début de l’année, selon elle. « Cet été, l’état sanitaire et l’état climatique ont renforcé les difficultés que l’on peut avoir dans un grand nombre de fermes. Il y a une forte question sur le revenu dans les fermes et comment vivre de son travail. »

L’une des solutions passe par « la mise en place de prix minimums garantis, de prix minimums d’entrée », précise la syndicaliste. Pour la secrétaire générale, la base de négociation doit être la couverture des coûts de production, de la protection sociale et du travail salarié. Elle demande en outre « que le cadre réglementaire nous interdise de vendre à perte et interdise donc aussi les achats à perte ».

Devant des députés issus de tous les groupes parlementaires, Sylvie Colas a ensuite enjoint les élus à mieux accompagner le « modèle paysan défendu par la Confédération paysanne ». Pour la secrétaire nationale, « il faut un projet fort avec une vraie politique de transition agroécologique pour protéger notamment les ressources en eau et le sol. Parce que nous voyons bien que nous avons atteint le maximum de production possible avec le maximum de moyens technologiques. Les rendements baissent et les céréaliers découvrent ça cette année… Mais ils n’ont pas fini de le découvrir. »

Revoir la fiscalité

Tandis que la nouvelle ministre de l’Agriculture a promis de remettre la loi d’orientation agricole rapidement sur la table, la Confédération paysanne a rappelé sa déception à l’issue du débat parlementaire. « À l’arrivée, nous avons une loi qui est plutôt éloignée de ses objectifs initiaux. Sa dernière version comporte de nombreuses mesures qui profitent plutôt aux tenants de l’agro-industrie qu’au soutien à l’agriculture paysanne », regrette Véronique Marchesseau.

La secrétaire générale du syndicat souhaite notamment que la fiscalité soit réorientée. « La majorité des mesures fiscales aujourd’hui accompagnent l’agrandissement des fermes, donc nous vous demandons de retravailler là-dessus », détaille-t-elle aux députés.

Les retraites sont aussi un point important pour la Confédération paysanne. « Il y a un gros travail à faire sur les retraites, et pas seulement les retraites des gens qui partiront dans les prochaines années, mais aussi des personnes qui le sont déjà. Notamment dans les zones où la situation est absolument catastrophique. C’est aussi un levier pour favoriser la transmission », estime Véronique Marchesseau.

Les échanges ont permis au syndicat de redire aux députés son opposition à la stratégie sur l’agrivoltaïsme développée dans le dernier décret. « La méthanisation et l’agrivoltaïsme captent de grandes surfaces qui ne répondront pas à nos besoins en alimentation. Ça induit une concurrence effrénée sur les prix du foncier qui vont empêcher l’accès pour un certain nombre d’entre nous à ce foncier et surtout aux jeunes qui veulent s’installer », pointe Véronique Marchesseau.