Dans un contexte de rentrée morose, la Confédération paysanne a fait l’inventaire des crises que traverse l’agriculture hexagonale pour sa conférence de rentrée le 11 septembre 2024. Elle a listé ses priorités après un été « loin d’avoir été tranquille ».
Laurence Marandola, porte-parole du syndicat, a d’emblée abordé la situation sur le front des différentes maladies qui touchent l’élevage français, fièvre catarrhale ovine (FCO) en tête. Selon elle, il s’agit d’une situation « jamais vue avec une telle ampleur géographique, le nombre d’élevages touchés » et une « non-gestion de la crise jamais vue aussi ». Elle dénonce « une forme de déni et de mensonge d’État sur ce qui se passe sur le terrain ». La syndicaliste fustige « le manque d’informations et d’anticipation » et le « mépris » du gouvernement au début de la crise.
Laurence Marandola demande un « meilleur accès au vaccin » alors qu’ils ne sont toujours pas « disponibles pour tout le monde ». Elle réclame en outre des « prises en charge pour les pertes et les soins aux animaux » et le déploiement de la « réserve de crise » européenne sous peine de voir des éleveurs « mettre la clé sous la porte, ou pire encore ».
L’urgence des « prix garantis »
Fidèle à sa ligne, le syndicat estime que l’amélioration du revenu des agriculteurs doit passer par « des prix minimums garantis », la « seule solution » pour Laurence Marandola. Elle espère peu sur le volet des négociations commerciales. « Ça fait 20 ans que c’est le discours de certains et ça fait 20 ans que le prix payé aux producteurs s’enfonce », constate-t-elle.
« L’échec total » du système assurantiel
Laurence Marandola a également mentionné les difficultés dans le secteur des productions végétales et critiqué l’approche faite par certains. « Face aux aléas climatiques et sanitaires, les agriculteurs sont abandonnés. Certains syndicats et d’autres ont estimé que la solution serait un système assurantiel, mais aujourd’hui nous nous retrouvons face à un échec », juge-t-elle.

La porte-parole de la Confédération paysanne regrette « l’exclusion de certains systèmes et productions » et « l’inefficacité » pour les assurés. Elle préconise une autre voie, celle d’un « fonds mutuel et solidaire pour tous » et la « refonte du système agricole » pour se prémunir des crises.
Laurence Marandola a également souhaité aborder la question du foncier afin de rappeler l’importance pour la Confédération paysanne de « défendre le fermage ». Elle a aussi redit son hostilité au décret sur le photovoltaïque au sol avec un recours au Conseil d’État qui sera examiné le 16 septembre 2024.
« C’est pour nous une véritable menace sur la conservation du foncier agricole » avec la production comme « alibi », ce qui participe au « surenchérissement du foncier ». Laurence Marandola ne souhaite pas voir l’énergie compenser « l’absence de revenu ».
Vers la bataille des élections aux chambres
À quelques mois des élections aux chambres de janvier prochain, la Confédération paysanne a profité de cette conférence pour lancer sa campagne avec un slogan : « Pour des campagnes vivantes, restons fermes. » Thomas Gibert, secrétaire national du mouvement, prévient : « Il n’y aura pas d’alliance, nous aurons une liste par département. »
« Nous imaginons mal la FNSEA parler de campagnes vivantes quand nous voyons le résultat de la cogestion depuis tant d’années qui n’a fait que faire disparaître des fermes », lance le syndicaliste. La Coordination rurale n’est pas en reste, se voyant pointée pour son « rapprochement avec l’extrême droite » et son « repli sur soi. Nous voulons des campagnes solidaires, pas identitaires. » La campagne des élections aux chambres d’agriculture est lancée.