Quatre membres du collectif Bretagne contre les Fermes-Usines ont été mis en examen, le mardi 27 juin 2023, pour l’affaire du blocage de train de Saint-Gérand, le 19 mars 2022. Depuis le début de l’enquête, huit personnes au total sont concernées par la mise en examen. Quatre autres personnes s’ajouteront à la liste le 18 septembre 2023, d’après Julien Hamon, porte-parole de la Confédération paysanne 56 et cosecrétaire général du syndicat en Bretagne. « L’enquête a tout de suite été menée avec des moyens disproportionnés. […] C’était une action non violente où nous n’avons pas touché à l’intégrité des personnes, ni aux biens publics. Nos cibles étaient la coopérative du Gouessant et l’entreprise Sanders, des poids lourds de l’agro-industrie en Bretagne », déplore Julien Hamon, qui fait partie des nouveaux inculpés.
« Les quatre premières personnes ont été mises en examen dans la foulée du blocage, et placées sous contrôle judiciaire. Depuis un an, elles n’ont toujours pas récupéré leurs affaires personnelles (ordinateurs, téléphones) et elles n’ont pas le droit de rentrer en communication entre elles. Elles doivent aller à la gendarmerie tous les quinze jours et ne peuvent plus manifester », poursuit-il.
En mars 2022, les activistes de Bretagne contre les Fermes-Usinesavaient immobilisé un train transportant près de 1 500 tonnes de blé près de la coopérative du Gouessant (Morbihan). Ces derniers avaient empêché le convoi de circuler sur les rails en érigeant un mur de parpaings pour dénoncer les dérives de l’agro-industrie. Au cours de l’action, des trappes des wagons avaient été ouvertes par le collectif entraînant des pertes de blé. L’événement avait suscité de nombreuses réactions d’indignation, notamment de la part de la FNSEA. De son côté, la coopérative du Gouessant avait déposé plainte.
Le collectif Bretagne contre les fermes usines a bloqué un train de fret vers Loudéac (22), ce matin.
Les militants visent Sanders et son soja importé à l'étranger pour nourrir des animaux eux-mêmes exportés, dans « une logique capitaliste mortifère ». (Photo : collectif) pic.twitter.com/QWoYPNP5S4
« Le travail institutionnel ne suffit pas »
Julien Hamon se défend : « J’ai agi par nécessité car je suis maraîcher et que je constate les effets du changement climatique de plein fouet ! » En plus de sa casquette de militant, le syndicaliste local effectue régulièrement des travaux institutionnels. « Cela ne suffit pas. J’ai pu le voir depuis plusieurs années avec l’échec du plan Ecophyto, du plan contre les algues vertes ou encore celui du plan Protéines végétales pour réduire la dépendance des éleveurs aux importations. » Il pointe aussi du doigt la réponse des institutions aux actions militantes. « On tend vers une répression des mouvements sociaux et écologiques. On a pu le constater récemment avec les procès des manifestants présents à Sainte-Soline ou encore la dissolution du collectif écologiste des Soulèvements de la Terre ».