Les opposants aux réserves de substitution ne désarment pas. Emmenés une nouvelle fois par le collectif « Bassines non merci », ils se sont retrouvés ce dimanche 5 septembre à Saint-Sauvant (Vienne) aux côtés de parlementaires et d’élus locaux.

 

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Les chantiers prêts à démarrer

Au cours des dernières années, ils ont multiplié les protestations sur le terrain et les recours en justice contre ces projets, mais les chantiers des premières retenues doivent démarrer avant la fin du mois dans la Vienne et les Deux-Sèvres.

 

Ils reprochent au projet des 16 retenues d’irrigation, né d’une longue concertation entre notamment représentants des irrigants et associations de protection de la nature sous l’égide de la préfecture des Deux-Sèvres, de favoriser une agriculture productiviste et gourmande en intrants et de privatiser l’eau, bien public, au profit de quelques-uns.

 

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La Confédération paysanne s’est jointe à la manifestation, avec des positions plus nuancées. Si elle n’est pas opposée à l’irrigation en tant que telle, elle regrette que les 16 réserves en projet aient été conçues sur des volumes historiques, calculés pour certains il y a presque vingt ans et « sur des exploitations qui arrosaient beaucoup ».

 

Selon Nicolas Fortin, porte-parole du syndicat dans la Vienne, le projet ne prend pas en compte le changement climatique et les sécheresses de plus en plus fréquentes, en été, mais aussi en hiver au moment du remplissage.

Évaluer les volumes

« Il faudrait que le PTGE [Projet de territoire pour la gestion de l’eau, NDLR] fasse de nouvelles évaluations des volumes prélevables », poursuit Nicolas Fortin. Le responsable syndical met en avant le maraîchage, l’arboriculture, l’élevage, pour lesquels l’eau est essentielle et rappelle que la maïsiculture a contribué à intensifier la cessation des élevages dans la région.

 

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La Confédération paysanne préconise de petits stockages plutôt que les très grandes réserves collectives actuellement programmées. « Il serait plus logique qu’elles soient financées à 100 % par de l’argent public et que ce soit l’État qui garde la main et qui garantisse la transparence dans la répartition de l’eau. »

 

Nicolas Fortin ajoute : « Il y a seulement 140 irrigants concernés par les bassines dans la Vienne. Et tous les autres ? Les maraîchers, par exemple, ont du mal à s’installer. Trouveront-ils des surfaces proches des bassines ? » Rien ne le garantit.

 

Enfin, il rappelle que si les retenues sont financées à 70 % par des aides publiques, il reste 30 % de l’investissement à la charge des irrigants concernés, auxquels s’ajouteront ensuite les frais de fonctionnement pour le double pompage, dans la nappe vers la réserve en hiver, de la réserve aux parcelles ensuite. « Avec un maïs à 200 € la tonne, le modèle fonctionne. Mais s’il retombe à 120 €, ça ne passe plus. »