« Selon leur stade de développement, les larves [de grosses altises] mesurent de 1,5 à 8 mm et sont de couleur translucide à blanchâtre. Elles sont caractérisées par trois paires de pattes thoraciques et une plaque pigmentée à l’extrémité postérieure dont la couleur évolue du noir au début du 1er stade au brun foncé en fin de développement (troisième stade) », rappelle le BSV (Bulletin de santé du végétal) dans le Rhône-Alpes.

« Parmi les larves d’insectes dans les pétioles des feuilles, seules les larves d’altises possèdent des pattes. Attention, les galeries sur les pétioles peuvent être aussi dues aux passages de mouches mineuses, souvent rencontrées dans les limbes des feuilles », alerte le BSV en Normandie.

« Les larves après éclosion (L1) rejoignent les pétioles des plantes à partir du sol. Il est possible dans un premier temps d’observer la présence de la perforation leur permettant de pénétrer dans la plante. Ensuite, les différents stades larvaires (L2-L3) sont observables dans les pétioles. Les larves âgées (stade larvaire L3) sont les plus à risque car les meilleures candidates à la migration vers le cœur », fait savoir celui du Poitou-Charentes.

Fonction de l’état de la culture et du nombre de larves

« Le seuil indicatif de risque pour les dégâts larvaires varie selon l’état de la culture et l’infestation. Le risque est faible lorsque l’on dénombre moins de 2-3 larves par plante en moyenne. Le risque est moyen à fort lorsque l’on dénombre entre 2-3 et 5 larves par plante. Le risque d’avoir des dégâts nuisibles dépend de l’état de croissance du colza à l’entrée de l’hiver et de sa capacité à engager rapidement la montaison au printemps (contexte pédoclimatique, choix variétal, enracinement). Le risque est élevé lorsque l’on dénombre en moyenne plus de 5 larves par plante », stipule le dernier BSV de Lorraine.

Terres Inovia propose d'ailleurs un OAD (outil d'aide à la décision) numérique gratuit pour aider à l’évaluation du risque à la parcelle. « Il s’utilise en octobre-novembre et prend en compte le risque agronomique et le niveau d’infestation larvaire (mesuré par le test Berlèse). En fonction de ces données, une recommandation de lutte insecticide est faite », informe l'institut.

Raisonner la protection

« Quelle que soit la région et les résistances présentes, n’intervenez qu’après l’évaluation du risque à la parcelle. Lorsqu’elle est nécessaire, la protection est à appliquer dès que les conditions de traitements sont réunies (températures douces de préférence autour de 8-10 °C) », rappelle-t-il.

Et de compléter : « La récente autorisation de mise sur le marché [de Minecto Gold], à titre de dérogation 120 jours du 25 septembre au 31 décembre 2024, est limitée aux Régions Grand Est, Bourgogne-Franche-Comté, Ile-de-France, Centre-Val de Loire ainsi qu'aux départements de l’Allier, du Puy-de-Dôme, de l’Aisne et de l’Oise concernés par les phénomènes avérés de forte résistance des grosses altises aux pyréthrinoïdes. »

« Nos essais montrent qu’en l’absence de résistance forte, la lambda-cyhalothrine (Karaté Zéon dans nos essais) est le pyréthrinoïde le plus efficace, supérieur à la cyperméthrine. La deltaméthrine (Decis Protech dans nos essais) est intermédiaire. Les pyréthrinoïdes particuliers etofenprox, tau-fluvalinate, esfenvalérate sont en retrait en termes d’efficacité », constate par ailleurs Terres Inovia.