Alternatives à la viande et aux produits laitiers, boissons, produits de cuisson au four, barres alimentaires ou encore produits prêts-à-mélanger : le groupe agroalimentaire Avril et le groupe néerlandais Royal DSM s’associent pour produire une protéine issue de colza à destination de l’alimentation humaine dans une unité de production du site de Saipol qui sera construite près de Dieppe.
Celle-ci « devrait voir le jour aux alentours de 2022 », déclare Jean-Philippe Puig, directeur général du groupe Avril, dont le montant de l’investissement sera de « plusieurs dizaines de millions d’euros ».
Le monde va manquer de protéines
« Il y a cinq ans, on a mené une étude assez détaillée sur le bilan mondial des huiles et protéines. On s’est aperçu que, globalement, le monde ne manquera pas d’huile. Par contre, le monde va manquer de protéines », explique M. Puig.
Jusqu’ici utilisé en alimentation pour l’huile dans sa partie liquide, le colza, qui comprend ces fameuses protéines, mais aussi des fibres dans sa partie solide, était essentiellement employé en nutrition animale.
Doté de « propriétés nutritionnelles très intéressantes », le colza présente également de meilleures facultés de dissolution que le soja, notamment dans l’eau, affirme M. Puig.
Un nouveau procédé d’extraction
« Il y avait juste un petit souci. Cette molécule était un petit peu compliquée à extraire du végétal. Avril a d’abord travaillé le procédé avant notre partenaire, qui est le leader mondial des ingrédients alimentaires ». « C’est une molécule très, très longue, et dès que vous mettez un procédé à température élevée, vous cassez cette molécule et elle perd ses qualités nutritionnelles », détaille M. Puig.
Les deux entreprises ont réussi à mettre au point un procédé. « In fine, on a une sorte de poudre blanche sans odeur qui permet d’être mixée dans des aliments », a indiqué M. Puig.
Objectif de production, pour démarrer, quelques milliers de tonnes. « C’est vraiment pour tester le marché sur ce nouveau produit, mais notre ambition est de doubler la capacité dès qu’on aura construit l’usine française et de voir après, en fonction du marché », selon le dirigeant. « Si tout va bien, on a des ambitions beaucoup plus fortes », a ajouté M. Puig, qui n’exclut pas de construire d’autres usines « ailleurs en France et dans le monde ».
Diversifier les origines protéiques
« Ça ne viendra pas du tout remplacer le soja », prévient toutefois M. Puig, pour qui cette nouvelle source d’approvisionnement permettra de répondre en partie au besoin de diversifier les origines des protéines.
La Fop, dans un communiqué du 8 juillet, salue « le partenariat stratégique conclu par DSM et le groupe Avril ». Et d’ajouter : « Cette nouvelle opportunité pour la filière des huiles et protéines végétales de valoriser sa production française démontre la richesse des propriétés du colza non OGM français et va, à court terme, s’avérer être un débouché nouveau pour les producteurs hexagonaux. »