Les conditions climatiques particulières de 2018 ont entraîné un recul de la production laitière européenne. Elle a entamé, en novembre dernier, son troisième mois consécutif de baisse en se positionnant 1 % sous son niveau de 2017. Malgré un bon début d’année, « la croissance de la collecte européenne devrait finalement afficher une hausse d’un peu moins de 1 % sur l’ensemble de l’année par rapport à 2017 », estime l’Idele (1).

Les Pays-Bas, la France, l’Italie et l’Allemagne sont les plus affectés avec des baisses de collecte chiffrées à plus de 3 % entre novembre 2017 et 2018. Les quelques hausses enregistrées, notamment en Irlande (+ 20 % par rapport à la campagne 2017), n’ont pas suffi à renverser la tendance. En France, la collecte de novembre 2018 a reculé de 1,3 % par rapport au mois précédent, et de 3,7 % par rapport à novembre 2017 d’après l’Agreste.

Cela ramène la collecte 2018 au niveau des deux années précédentes. Hormis la région Nord-Picardie où la sécheresse a été moins pénalisante, l’ensemble des bassins laitiers est concerné, en particulier le Sud-Ouest et Charentes-Poitou.

Le cheptel français s’est stabilisé à 3,7 millions de vaches au 1er décembre, 0,8 % en dessous du niveau de 2017, après trois mois d’entrées massives de génisses en compensation des vaches de réforme liées au manque de ressources fourragères selon l’Idele.

Assainissement des marchés

Le repli de la collecte européenne induit une baisse de la fabrication des produits laitiers et plus particulièrement du lait liquide et des ingrédients secs. En France, le séchage de poudre de lait est en recul de 21,3 % entre novembre 2017 et 2018, selon le ministère de l’Agriculture. Le cours européen de la poudre maigre a repris des couleurs sur le dernier trimestre 2018 pour repasser au-dessus du prix d’intervention début janvier (1 747 euros/tonne), soit une hausse de 15 % sur un an d’après la commission européenne. Deux ventes records de poudre en décembre 2018 et en janvier 2019 ont permis d’abaisser les stocks européens à 20 000 tonnes, contre 380 000 tonnes encore présentes en janvier 2018. Alors qu’un assainissement des marchés des produits laitiers semble se dessiner pour 2019, l’Idele alerte toutefois sur l’érosion du cours européen du beurre qui se poursuit (4 558 euros/tonne au 6 janvier), notamment entraînée par la chute de la cotation océanienne (3 620 euros/tonne à la même date). Le repli de la collecte n’a pour l’heure pas été compensé par une hausse des prix payés aux éleveurs, en France comme en Europe. Le désencombrement du marché laisse espérer une embellie sur 2019.

Alexandra Courty

(1) Institut de l’élevage.