Les déserts ne sont plus réservés au Sahara. La France aussi s’assèche. À la fin de 2024, l’Hexagone a rejoint la liste des pays affectés par la désertification. « Résultat : 1,4 % de la superficie totale de la France métropolitaine est affectée par un phénomène similaire. Soit 751 700 ha. » C’est le constat établi par Jean-Luc Chotte, spécialiste des sols et président du Comité scientifique français de la désertification (CSFD) dans un entretien réalisé avec l’Agence de la transition écologique (Ademe) publiée ce mercredi 30 avril 2025.

Avec le changement climatique, les épisodes de sécheresse sont plus fréquents et plus longs, en particulier dans le sud de la France. Une large part du littoral méditerranéen entre désormais dans les catégories de zones arides, semi-arides ou subhumides sèches — des territoires considérés comme vulnérables à la désertification.

Premier aveu de sécheresse

Mais qu’est-ce que la désertification ? Il s’agit d’un processus progressif de dégradation des sols : perte de leur productivité, amincissement du couvert végétal, appauvrissement de la biodiversité.

En décembre 2024, lors de la session formelle d’ouverture de la Cop 16, la France a déclaré pour la première fois rejoindre la liste des 169 États affectés à la convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD).

« Jusque-là, la France faisait partie des pays ratificateurs de la CNULCD. Elle contribuait à la lutte contre la désertification dans le monde, notamment via sa politique d’aide au développement », confesse Jean-Luc Chotte. « Elle continuera à soutenir ce type de projets, mais pourra aussi mieux contribuer à la production des connaissances sur l’état de dégradation des sols dans le monde, puisqu’elle s’engage à suivre la situation sur son territoire », poursuit-il.

Faire reculer les déserts

Les sols asséchés sont-ils condamnés ? D’après Jean-Luc Chotte, le phénomène serait réversible. « En soutenant des usages plus adaptés des sols, comme l’agroécologie, ou en replantant des forêts, il est possible de restaurer la santé des sols, donc de les rendre plus résilients face aux événements extrêmes. Une meilleure gestion des matières organiques en améliorerait aussi la fertilité », soutient-il. Cependant, un changement de pratique ne donne de résultats que des années plus tard.

Certaines pratiques agricoles contribueraient aussi à la désertification des sols. « Les agriculteurs ne peuvent s’engager sans soutien financier. Pour les aider, il faudrait valoriser les services qu’ils rendent à la collectivité, et pas seulement leurs productions », rappelle l’expert. À l’échelle mondiale, 40 % des terres sont déjà en cours de dégradation, principalement à cause du manque d’eau, et deux milliards de personnes sont directement affectées.