Les sécheresses records sur la planète sont en train de devenir une « nouvelle norme » qui oblige les dirigeants à « repenser radicalement » leur gestion, alerte l’Organisation des Nations unies (ONU) le 2 décembre 2024, premier jour d’un sommet de l’ONU sur la désertification.

Chaque année, les sécheresses touchent directement 55 millions de personnes et constituent « l’un des risques les plus coûteux et les plus meurtriers au niveau mondial », indique l’atlas publié par la Convention des Nations unies sur la lutte contre la désertification (CNULCD) en partenariat avec le centre de recherche scientifique de la Commission européenne (JRC).

L’année 2024, qui sera vraisemblablement la plus chaude jamais mesurée sur Terre, a été marquée par plusieurs sécheresses dévastatrices en Méditerranée, en Équateur, au Brésil, au Maroc, en Namibie, au Malawi, provoquant incendies, pénuries d’eau et de nourriture.

Trois personnes sur quatre seront touchées d’ici à 2050

D’ici à 2050, ce sont trois personnes sur quatre dans le monde qui seront touchées, selon les projections de l’ONU, en raison du réchauffement climatique causé essentiellement par la combustion des énergies fossiles.

Les impacts des sécheresses sont « moins visibles et attirent moins l’attention que les événements soudains comme les inondations et les tremblements de terre », mais il ne faut pas les sous-estimer. Par effet domino, les sécheresses constituent un « phénomène systémique » affectant de multiples secteurs, comme l’agriculture, l’approvisionnement en énergie, le commerce et la navigation, tout en menaçant la santé des écosystèmes et des personnes.

En comptant leurs effets indirects, à l’ampleur « parfois difficile à estimer et prévoir », elles ont affecté 1,84 milliard de personnes en 2022 et 2023, dont environ 85 % vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire, rappelle l’atlas, sur la base d’un rapport de l’ONU publié à la fin de 2023.

Inciter à la gestion des risques de sécheresse

Les sécheresses, ce ne sont « pas seulement l’absence de pluie, de neige ou d’humidité du sol », mais plutôt « le résultat d’une combinaison de variabilité naturelle du climat, de changement climatique anthropique et de mauvaise gestion humaine des ressources en eau et en terres », indique le rapport de cette Convention.

« Malgré l’ampleur de la menace », leur gestion « est sous-financée », est-il souligné. « Une coopération sans précédent entre les secteurs et les pays est nécessaire pour atteindre la résilience », conclut l’atlas, réclamant des « approches proactives et prospectives de gestion des risques », notamment en matière de gestion de l’eau, de pratiques agricoles innovantes et de systèmes d’alerte des populations.

L’atlas a aussi pour but d’inciter les dirigeants publics et privés « à repenser radicalement leur manière de prendre des décisions et de gérer les risques de sécheresse », résume Ibrahim Thiaw, secrétaire exécutif de la CNULCD, qui tient sa seizième conférence à Riyad (Arabie Saoudite) du 2 au 13 décembre 2024.

Des effets en cascade

À travers des dizaines de cartes, d’infographiques et d’études de cas, l’atlas entend montrer « comment les risques de sécheresse sont interconnectés […] et comment ils peuvent avoir des effets en cascade, alimentant les inégalités et les conflits et menaçant la santé publique », explique un communiqué.

Ainsi, les sécheresses peuvent réduire la production d’énergie hydroélectrique, entraînant une hausse des prix de l’énergie ou des coupures de courant. Si cela se produit pendant une vague de chaleur, cela peut entraîner une recrudescence d’hospitalisations et de décès, faute de ventilation ou de climatisations.