« Tout seul, on va plus vite. À deux, les questions sont vite réglées. À neuf, tout prend davantage de temps mais on fait sans doute moins de bêtises », résume Yann Bouteiller. Ce maraîcher de Comprégnac, dans l’Aveyron, a repris il y a trois ans un stand dans les halles de Millau. Mais il s’est vite rendu compte que les deux matinées de vente sont trop lourdes.

Mathieu et Margot Debruyne, maraîchers à Viala-du-Tarn, le rejoignent donc durant un an… Avant un nouveau rebondissement : la mairie demande aux commerçants de la halle une présence tous les matins du mercredi au samedi (et le dimanche en été). « À deux fermes, c’était impossible ! », témoigne Margot Debruyne.

Création d’une association

Depuis avril 2024, ils sont donc désormais neuf agriculteurs réunis : quatre maraîchers et des producteurs de pommes, tisanes, miel, farine et pain. « On a vu un avocat, qui nous a dit que le statut d’association loi 1901 était le plus adapté », indique Yann Bouteiller. Le règlement intérieur est toujours en train d’être peaufiné, même si les bases sont posées.

La maraîchère se souvient : « On s’est appuyé sur ce qui existe au Marché paysan, une boutique de producteurs à laquelle sept des neuf producteurs participent. » Dans la halle, les permanences sont tenues en fonction du chiffre d’affaires généré. La commission est de 5 %. Margot Debruyne ajoute : « Nous avons aussi des dépôts vendeurs, pour qui la commission est de 30 % mais qui ne font pas de permanence. » Ils écoulent des bières, de l’huile, des œufs…

Des astreintes…

Les neuf producteurs bio livrent leur marchandise, fixent leurs prix et sont responsables des dates limites de consommation. « Pour les légumes, comme nous sommes plusieurs, nous avons mis en place un tableau pour savoir qui produit quoi », détaille Yann Bouteiller. L’organisation du lieu de vente et le positionnement de chaque produit sont décidés en commun.

Mais définir des règles partagées et prendre des décisions ensemble « est très chronophage », tranche le créateur du lieu de vente. « C’est une belle histoire collective, mais il faut être prêt à donner beaucoup de son temps », abonde Margot Debruyne. Ils envisagent d’ailleurs de créer une « banque de travail » pour comptabiliser les missions réalisées en dehors des astreintes sur le stand : comptabilité, gestion des stocks, lien avec les autres vendeurs de la halle, avec l’association des commerçants… L’agricultrice ne cache pas, en outre, qu’il y a parfois des tensions quand « certains aimeraient avancer plus vite que d’autres. »

… et bien plus

Mais les points positifs sont là : « Rencontrer les autres agriculteurs, ne pas être seuls », « gagner en visibilité », « augmenter ses ventes », énumèrent les associés. Le couple Debruyne, par exemple, a multiplié par trois ses ventes depuis que le stand s’est transformé en « petite épicerie ». Et pour cause, le chiffre d’affaires du stand « ne cesse d’augmenter, ça a bien pris ».

« On vend nos produits même quand on n’est pas là », se félicite Yann Bouteiller. Et, revers de la médaille, « il faut toujours alimenter le stand avec nos légumes. » La gestion du temps, un éternel recommencement…