« Mais qu’est-ce que tu as encore semé ? » La remarque amusée revient souvent chez les voisins de Florent Rousseau, polyculteur-éleveur sur 120 hectares à Marsillargues. Installé en 2013, l’éleveur de vaches aubracs s’est très vite orienté vers une stratégie poussée de diversification. Des grandes cultures et des productions de semences vendues à une coopérative, il a progressivement introduit des espèces atypiques telles que du petit épeautre, du fenugrec, du quinoa, du chia ou encore de la lentille, qu’il transforme et commercialise dans sa boutique à la ferme et dans des magasins de producteurs.
À cette gamme est venu s’ajouter en 2024 le carthame. « J’ai semé cette culture, car j’aime bien tout tester. Avec elle, je pourrai élargir mon offre de produits, avec des débouchés à la fois alimentaires et cosmétiques. En plus, elle s’intègre bien dans mes rotations. C’est une culture atypique ici, ce qui la rend encore plus intéressante à valoriser », explique l’agriculteur.
Un itinéraire technique simple
En 2024, le semis a été réalisé à la mi-mars, à 15 kg par hectare, avec un semoir à céréales, à une profondeur de 2 ou 3 centimètres, sur une parcelle précédemment en prairie. Le sol a été préparé par un déchaumage et un sous-solage, suivis de deux faux semis afin de limiter la levée d’adventices dans la culture suivante. « La levée est une étape clé. Ensuite, ça pousse tout seul grâce aux racines pivots de la plante, capables d’aller chercher l’eau en profondeur », détaille-t-il.
La récolte a été réalisée à la mi-août avec une moissonneuse. 800 kg ont été récoltés sur le demi-hectare semé, soit plus de 15 q/ha. Une bonne partie des graines a été réservée à la production de semences, l’autre a été stockée en vue d’une transformation à compter de la prochaine récolte, prévue pour le début d'août 2025.
De l’alimentation à la cosmétique, voire l’esthétique
Bien que cette filière ne soit pas encore structurée, Florent croit fermement en son potentiel. « L’huile de carthame ne peut que cartonner dans la cosmétique au regard du prix élevé de l’huile d’olive utilisée dans la fabrication de produits de beauté. Elle se valorise également très bien en alimentaire grâce à la richesse de son huile en oméga 6 et 9, et en vitamine E », détaille l’agriculteur. Celui-ci envisage déjà, par ailleurs, d’autres pistes de transformation : biscuits au carthame, valorisation en graines entières torréfiées ou encore en pistils comme substitut au safran, et même en ajout dans du vin ou de la bière.
Pour Rémy Kulagowski, conseiller grandes cultures à la chambre d’agriculture de l’Hérault, « le carthame, comme d’autres cultures à l’étude actuellement, pourrait offrir des perspectives de diversification, avec un bon potentiel en vente directe. La culture est peu exigeante et peut devenir une source de revenu complémentaire. » À condition toutefois de construire une filière de valorisation.