Depuis sa création en 2013, la ferme Dessine-moi une brebis, située à 14 kilomètres au nord de Crest (Drôme), s’est considérablement développée. Léo Girard qui travaillait seul est aujourd’hui l’employeur de 17 personnes, dont deux apprentis : « J’ai démarré avec quelques brebis lacaunes. Dans l’Aveyron, j’ai passé un Certificat de spécialisation ovin lait, au lycée agricole de La Cazotte (Saint-Affrique). » Avec un bac scientifique en poche, Léo avait tout d’abord suivi en alternance un BTS en technologie végétale. Sa carrure de rugbyman et ses initiatives innovantes ne passent pas inaperçues.

En réalité, Léo Girard n’a jamais perdu de vue son rêve d’enfant : devenir éleveur et transformer à la ferme pour contribuer à nourrir le mieux possible un maximum de personnes. Cette vocation est née durant les vacances qu’il passait dans l’Indre, chez ses grands-parents. Leurs voisins, Henri et Lionel, des éleveurs de bovins, l’ont toujours bien accueilli. Ils lui ont transmis, au fil des ans, le sens de l’observation et de l’écoute des animaux. Ses parents, professionnels de santé, ont soutenu le choix de leur sixième enfant.

Devenir autonome en aliments

Quand il faut trouver un nom à sa propre ferme, la sœur de Léo suggère Dessine-moi une brebis, en référence à la requête du Petit Prince d’Antoine de Saint-Exupéry. Rapidement, l’activité fromagère ne suffit pas à l’agriculteur qui décide de valoriser ses foins grossiers en élevant des vaches Aubrac, puis des cochons qui consomment le petit-lait de l’atelier de transformation. L’an dernier la ferme de Léo Girard est passée de 32 à 70 ha pour devenir autonome en aliments, pour ses 200 brebis laitières, 120 porcs et 60 bovins.

Côté organisation, « nous avons choisi de dissocier les activités et d’avoir une structure juridique pour le lait (bio), et une pour la viande. La dernière créée, en 2022, est la SAS Boucherie d’ici et d’aujourd’hui. La comptabilité analytique réalisée en interne me permet d’imputer chaque facture, et d’orienter les choix de pilotage. Cette année, nous arrêtons l’agneau, dont le cours à 10,50 €/kg ne permet pas de marge suffisante. »

Six personnes à la boucherie

En internalisant les expertises professionnelles, Léo Girard consolide son groupe et pérennise les savoir-faire. Son équipe comprend deux responsables de production, une charcutière et une fromagère. Il manquait un boucher. Préparer et vendre des viandes est un métier en tant que tel. Afin de ne pas dépendre d’un prestataire, l’agriculteur choisit d’acheter une boucherie et embauche six personnes. « L’objectif est de produire sans nous soucier de savoir si nous écoulerons nos productions. Pour nous développer, nous nous appuyons sur un commerce que nous maîtrisons. »

La boucherie en question se situe dans un petit centre commercial à l’entrée de Crest, à côté d’un supermarché, d’une boulangerie et d’une fromagerie. La viande de la ferme ne suffirait pas, aussi Léo Girard travaille avec une quinzaine d’éleveurs de la Drôme, de l’Ardèche et de l’Isère. Leurs noms figurent à la craie sur le tableau noir au-dessus du comptoir. « Le samedi matin nous sommes cinq pour servir la longue file d’attente ! » indique la vendeuse. Le chiffre d’affaires de la boutique a doublé en deux ans. Celui du groupe (consolidé) atteint 1,8 million d’euros en 2023. Jamais à court d’idées, Léo Girard a d’autres projets de développement.