Sur la grande place du village, Sébastien Garcia est fidèle au rendez-vous. Tous les mardis, de 17 à 19 heures, il commercialise ses légumes bio sur le marché du soir des producteurs de Châteauneuf-de-Gadagne (Vaucluse), situé à six petits kilomètres de son exploitation basée au Thor. Ici, il tient ban d’avril à novembre.

« Nos clients sont principalement des locaux qui viennent après leur journée de travail, explique le maraîcher, qui cultive une quinzaine d’espèces différentes sur deux hectares. Ils veulent des produits de terroir. L’été, il y a un peu plus de touristes. » Ici, ils trouvent leur bonheur. Tomates, concombres, courgettes, salades, haricots verts… les légumes de Sébastien Garcia proviennent de la cueillette du jour. « Il n’y a pas ou très peu d’invendus, enchaîne-t-il. Les quantités commercialisées sont identiques d’une semaine à l’autre. »

Partenariat avec les mairies

Cela fait neuf ans qu’il participe à ce concept créé par la chambre d’agriculture du Vaucluse en 2005. Objectif, développer les circuits courts et rapprocher les producteurs des consommateurs. Pour apporter une résonance à la démarche, l’organisation professionnelle a déposé la marque : Marchés du soir des producteurs du Vaucluse. Six existent dans le département.

Dernier en date, celui d’Uchaux a vu le jour cette année. Les élus locaux de ce village ont sollicité les équipes de la chambre d’agriculture pour monter le projet. Les agriculteurs peuvent aussi en faire la demande. Quel que soit le schéma, l’organisation repose sur une convention de partenariat signée avec la mairie. « Nous réalisons au préalable une étude de marché pour évaluer la pertinence du projet », explique Florence Rouillé, conseillère en circuits courts. Une fois que la faisabilité est actée, cette responsable recense les candidatures des agriculteurs qu’elle transmet aux municipalités.

Une offre diversifiée

« Sur ces marchés, l’offre doit être diversifiée pour séduire les clients, enchaîne-t-elle. Nous sollicitons en priorité les adhérents du réseau Bienvenue à la ferme, qui se trouvent dans le périmètre des villages concernés, et nous faisons, parallèlement, de la prospection pour trouver de nouveaux exposants. »

Dans le cadre de la convention, les agriculteurs s’engagent à vendre uniquement les produits de leur exploitation. Ils doivent aussi présenter des produits « frais » et de « qualité ». Les prix de vente sont fixés librement. Un tiers des exploitations est contrôlé chaque année. L’adhésion revient à 62 € HT par an. Les mairies réclament de leur côté un droit de place de 5 € environ par marché.

Sébastien Garcia commercialise 90 % de sa production en direct. « Je possède également un stand sur le marché forain de la ville du Thor, indique-t-il. Il se tient toute l’année de 7h30 à 13h00. C’est mon principal débouché avec la vente à la ferme. Ensemble, ils représentent plus des trois quarts de mon chiffre d’affaires. Bien que saisonnier, le marché du soir de Châteauneuf-de-Gadagne génère 15 % de l’activité. »

Panier moyen plus élevé

Le panier moyen s’y élève à 18 € en moyenne en pleine saison. C’est deux fois plus qu’au Thor. « Sur le marché du soir, les gens font leurs courses pour la semaine. Au Thor, ils se contentent d’un ou deux articles », décrypte l’agriculteur. Pour que le succès soit au rendez-vous, les municipalités doivent jouer le jeu. À Châteauneuf-de-Gadagne, le marché se trouve sur une place ombragée sans circulation. La mairie a en outre ouvert le lieu à d’autres commerçants, un pizzaiolo, un glacier, un fabricant de pâtisserie et des viticulteurs. Cela crée de l’animation et attire les visiteurs.