Une savoureuse odeur de confiture de fraise, une large gamme de produits sur les étagères… bienvenue au Verger de la Fontaine. « Pour se démarquer, il faut des goûts moins courants », lance Frédéric Ozog, producteur de fruits, en regardant une bouteille de sirop de sureau et attrapant un pot de confiture de cynorhodon.
Installé à Mont-Près-Chambord, près de Blois (Loir-et-Cher), il confectionne des confitures avec ses fruits et le minimum de sucre (35 %), sans gélifiant ni citron, même pour la gamme « sans pépins ». « On garde le vrai goût du fruit », ajoute le diplômé de l’Ordre des maîtres confituriers de France, sans dévoiler son procédé de fabrication.
Verger diversifié
Cet ancien technicien de maintenance en système d’impression s’est installé en arboriculture au début de 2020. Après un licenciement économique, il suit un BPREA. Il n’est pas obligé car il a plus de 40 ans. « L’âge fatidique… À 44 ans, je n’ai eu droit à rien. J’étais exclu du dispositif d’aide à l’installation et il existe très peu d’informations sur ce type de verger dans notre région, pas de conseiller attitré ». Il enchaîne donc avec des stages chez des arboriculteurs transformateurs de fruits, dont la Haie gourmande (Loiret) et La Thuile des fées (Haute-Loire).
Il crée le Verger de la Fontaine, en reprenant la maison et 3 ha de « jardin » de ses parents. Il aménage la grange et plante un verger très diversifié sur 1,5 ha. Pêches, abricots, pommes, poires, cerises, prunes, framboises, mûres, groseilles, cassis, aronias, amélanchiers, sureaux, nèfles, kakis, rhubarbe… sans oublier 1 500 m² de fraises ! « J’ai réduit la surface de fraises, notamment les remontantes qui n’étaient pas en tunnel, car avec les aléas climatiques et la drosophile, ce n’était pas rentable », indique Frédéric. Son objectif est de produire une multitude de fruits en agriculture bio en frais et transformés pour équilibrer les ventes sur l’année. Tout est vendu en circuits courts : 46 % à la ferme et sur les marchés, 26 % dans les épiceries, 10 % en Amap, 10 % en magasin de producteurs et 8 % en frais chez les pâtissiers.

Penser à tout
Ce choix lui permet également d’étaler son travail toute l’année. Les journées du mois de mai sont chargées : cueillette des fraises le matin, livraison des fruits frais, puis vente à la ferme en fin d’après-midi. « Je congèle le surplus de fruits et je le transforme lors des journées pluvieuses », précise le producteur. Entre la taille, les amendements, le désherbage, les traitements (soufre, purin de rhubarbe, huile paraffinée…), les journées au verger sont bien remplies. « Comme c’est une création, il faut penser à tout. Mais cela permet d’y aller peu à peu, les arbres devraient donner leurs premiers fruits cette année. Avec une reprise, j’aurais eu beaucoup plus d’endettement », ajoute Frédéric qui paye 1000 € de remboursement de prêt par mois, pour un salaire mensuel de 800 € depuis 2023.
Pour son installation, il a investi un peu moins de 100 000 € dont 28 000 € pour un minitracteur et les outils de travail du sol, 22 000 € pour la plantation, 15 000 € de forage et de goutte-à-goutte, plus l’aménagement du laboratoire en inox… et la création du site internet. « J’ai investi dans un bon référencement de mes confitures, ça fonctionne bien. Même si je mise sur le bouche-à-oreille, la vente directe prend beaucoup de temps », complète Frédéric, qui ne semble pas connaître « la crise du bio ».

La période est plutôt à la rationalisation du travail, arriver à passer moins de temps sur certaines tâches : ajouter une bâche tissée pour diminuer le désherbage, améliorer le palissage des framboisiers, acheter un petit pulvérisateur attaché au tracteur plutôt que de le faire à la main… Frédéric avance techniquement. Et le délicieux goût de ces produits fait le reste !