Après des années particulièrement éprouvantes, notamment 2022 qualifiée d’année « la plus dévastatrice » ayant entraîné une perte de 50 % de la production par rapport à 2015, la filière du foie gras retrouve progressivement ses marques. Lors d’une conférence de presse le 20 mars 2025, la directrice adjointe de l’interprofession (Cifog), Marie Laborde, a assuré que l’année 2024 a été marquée par « le succès de la vaccination ».

Le succès de la vaccination

La vaccination a permis d’atteindre un volume de production d’environ 15 000 tonnes, comparable aux niveaux de 2020. Voilà deux hivers que les animaux sont massivement vaccinés « et le résultat est clairement là, lance la responsable. La France est regardée dans le monde entier puisque c’est la première fois qu’un pays peut vacciner contre la grippe aviaire et continuer à exporter. »

Cette réussite repose, selon elle, sur un plan de surveillance extrêmement rigoureux des animaux vaccinés, encadré par un acte délégué européen. Les canards vaccinés sont soumis à des dépistages très réguliers pendant l’élevage pour s’assurer que la vaccination ne masque pas une éventuelle circulation du virus à bas bruit.

Des résultats sanitaires probants

Les résultats sanitaires confirment l’efficacité de cette stratégie, selon les arguments de l’interprofession. La saison 2024-2025 n’a connu qu’une quinzaine de foyers, dont seulement quatre en élevages de canards, sans diffusion notable du virus. Aucun foyer n’a été enregistré depuis janvier 2025, et aucun abattage préventif n’a été nécessaire autour des foyers détectés, souligne le Cifog.

La France a retrouvé son statut indemne le 4 février 2025, soit quinze jours plus tôt que l’année précédente. De plus, le niveau de risque vis-à-vis de la grippe aviaire vient d’être abaissé à « modéré », permettant aux producteurs de remettre leurs animaux à l’extérieur dans des conditions contrôlées. Cet appel d’air « est clairement une récompense » car la stratégie vaccinale « était un véritable défi à la fois réglementaire, économique et technique, logistique », estime Marie Laborde.

Néanmoins, si le prix de la vaccination contre l’influenza aviaire « est sans commune mesure avec le coût des crises ». Il est élevé, souligne le Cifog : le coût annuel de la vaccination — entre 90 et 100 millions d’euros pour les filières du canard de chair et du canard à foie gras — reste bien inférieur au 1,6 milliard d’euros qu’avait coûté la crise de 2022, mais la part prise en charge par l’État est en diminution constante. Initialement fixée à 85 % la première année, cette participation est tombée à 70 % depuis octobre 2024. Une nouvelle baisse à 40 % vient d’être annoncée, ce qui porterait à 60 % la part supportée par la filière.

Un risque pour l’adhésion au dispositif

Le président du Cifog, Fabien Chevalier, n’a pas caché son incompréhension face à ce désengagement partiel de l’État. « Cette vaccination protège toutes les filières avicoles françaises, voire européenne, et même d’autres filières animales », a-t-il affirmé. Ce repli du gouvernement est, selon lui, « contreproductif » car il risque d’entraîner « moins d’engagement, moins d’acceptabilité et donc moins d’efficacité » du dispositif de vaccination.

Le représentant de la filière a indiqué avoir directement fait part de ces préoccupations à la ministre de l’Agriculture, Annie Genevard, en charge du dossier. « Une bonne mesure, c’est une mesure comprise. Or là, c’est incompréhensible. Donc, il faut rectifier », a conclu Fabien Chevalier.