C’est une stabilisation des prix, voire un léger affaissement, qui marque les marchés des céréales cette semaine sous le poids d’un bilan mondial du maïs très lourd et d’une compétitivité à défendre coûte que coûte pour les céréales à paille face à l’origine mer Noire.

Le blé français marque une pause

Contrairement à la semaine précédente, le prix du blé français a stagné au cours des derniers jours, attaquant même une petite descente en cette fin de semaine.

L’affaissement marqué des valeurs US a pesé sur les prix européens : les blés HRW viennent en effet de perdre 9 $/t à la suite du retour des pluies dans les plaines du sud des USA. Parallèlement, dans sa publication sur les stocks vendredi dernier, l’USDA a maintenu une estimation de la production de blé de printemps US nettement supérieure à ce qui était attendu par de nombreux opérateurs.

Les prix européens ont également été comprimés par la nécessité d’assurer une bonne compétitivité face aux blés russes. En euro, le blé rendu Rouen perd ainsi 2 €/t par rapport à la semaine dernière, à 156 €/t, ce qui lui confère désormais un avantage de 4 $/t (Fob) sur le marché mondial face à son concurrent russe.

Conformément à une situation confortable en France (faisant suite à la bonne récolte), le prix des blés français a, au final, grimpé en un mois de manière plus modérée que celui de ses concurrents européens. En conséquence, en cette fin de semaine, les blés français se retrouvent aujourd’hui très compétitifs par rapport aux blés allemands (créneau meunier) ou anglais (créneau fourrager) pour les ventes à destination des voisins européens.

Ce regain de compétitivité pourrait désormais être synonyme de stabilisation des prix pour peu que le géant russe maintienne les siens… Rien de gagné toutefois pour l’instant, comme en atteste le dernier appel d’offres lancé par l’Égypte cette semaine. Ce pays a de nouveau acheté russe (180 000 tonnes), la seule offre de blé français étant située plus de 11 $/t au-dessus des offres russes les plus basses (cela pouvant s’expliquer, pour le blé français, par une grosse prime de risque incluse dans le prix à cause des incertitudes concernant les conditions de déchargement en Égypte).

Stabilisation en orge

L’orge se stabilise et baisse même légèrement cette semaine sous l’influence du blé. Le prix des orges fourragères rendu Rouen perd ainsi presque 1 €/t à 153,75 €/t. Les prix ont gagné plus de 10 €/t en un mois mais l’ampleur des exportations russes et ukrainiennes en ce début de campagne devrait rendre difficile toute nouvelle hausse marquée dans un contexte où le marché mondial du maïs, concurrent sur le marché de l’alimentation animale, reste très lourd.

En brasserie, les orges de printemps se renchérissent encore légèrement (+1 €/t à Creil à 200 €/t). La qualité est très décevante dans le centre de l’Europe et cela devrait renforcer la demande qui va s’adresser à la France.

Le maïs brésilien, rouleau compresseur

Sur le marché mondial du maïs, l’orientation reste globalement en baisse cette semaine malgré la publication de l’USDA vendredi dernier, dévoilant des stocks de maïs un peu plus faibles que prévu aux USA au 1er septembre. Certes, les prix US ont gagné 1 $/t, mais c’est l’Amérique du Sud qui mène la danse et comprime les autres origines, avec des prix retrouvant leur pente baissière au départ du Brésil sous l’effet de l’ampleur de la récolte d’hiver engrangée récemment.

Cette situation pèse sur l’UE car elle favorise de larges importations si bien que les prix français diminuent légèrement cette semaine à 149 $/t Fob Bordeaux (–1,5 €/t).

Les cours du soja rebondissent légèrement

Cette semaine, les cours du soja outre-Atlantique regagnent un peu de terrain malgré une bonne avancée de la moisson aux USA (24 % au 1er octobre, proche de l’an dernier), et de bons rendements. L’USDA publiera la semaine prochaine ses nouvelles estimations de récolte (actuellement à 120 millions de tonnes).

Les cours remontent légèrement en raison des fortes ventes à l’exportation d’une part et surtout à cause des inquiétudes sur le climat en Amérique du Sud pour les prochains mois d’autre part. Les conditions sont actuellement sèches et retardent les semis dans cette région, mais c’est surtout le risque du phénomène La Niña qui inquiète les opérateurs. Ce phénomène climatique (inverse de El Niño) a tendance à entraîner une baisse des précipitations sur l’Amérique du Sud, au moment même où les sojas (et les maïs) en ont le plus besoin (entre décembre et février selon les zones). Ainsi, le soja regagne 3 $/t cette semaine à Chicago.

Recul des cours français, mais contexte mondial haussier

En France, les cours du colza reculent légèrement cette semaine. Ainsi, les prix perdent 4 €/t rendu Rouen (à 358 €/t) ; ils reculent plus modérément en Fob Moselle (–1,5 €/t) et sur Euronext (–1,5 €/t). Les fortes importations dans les ports européens (surtout en provenance de l’Ukraine) pèsent sur les prix.

Au contraire, les cours du canola remontent très légèrement au Canada (+1,5 $/t). La récolte a bien avancé au Saskatchewan, mais les coupes confirment un net retrait des rendements par rapport à l’an dernier. Le rythme d’exportation des prochaines semaines sera à suivre de près pour la formation des prix mondiaux (et donc européens), alors même que les ventes ukrainiennes commencent à ralentir.

Le prix du tournesol est stable sur la semaine à 320 €/t à Saint-Nazaire.

Les cours mondiaux du tourteau remontent

Le prix du tourteau de soja à Chicago remonte cette semaine de près de 7 $/t sur le rapproché. La forte demande mondiale et les craintes sur le climat en Amérique du Sud soutiennent les cours (l’Argentine est le premier exportateur mondial de tourteaux). Toutefois, la cotation du tourteau de soja à Montoir est inchangée par rapport à la semaine dernière.

Le prix du pois fourrager est de nouveau inchangé à 190 €/t départ Marne. Le pois jaune recule légèrement à 198 €/t (–4 €/t), reflétant les larges disponibilités françaises.

À SUIVRE : prix du pétrole et impact sur le rouble, conditions météo pour les céréales en Argentine, en Australie, et pour les semis de blé d’hiver US, retour de la France à l’exportation en blé face à la Russie, stocks US en maïs, semis de soja au Brésil, récolte de soja aux USA.

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