« Après une campagne exceptionnelle en 2019-2020, l’exercice de 2020-2021 est marqué par le retour à une très faible récolte consécutive à une météo compliquée lors de la moisson », indiquait le 25 février 2022, Gilles Kindelberger, directeur général de Sénalia. Cette entreprise exploite les terminaux portuaires de Rouen et représente 22,77 % des exportations françaises de céréales par voie maritime.

La Chine, premier client

Ainsi, les chargements de céréales sont en baisse de 42 %, à un peu plus de 3 millions de tonnes, contre 5,3 millions de tonnes en 2019-2020. La Chine a capté près de 40 % de l’activité céréales export pendant toute la campagne. Elle devient la première destination avec 20 % du flux de blé tendre, 95 % en orge fourragère et 61 % en orge de brasserie.

 

L’Empire du milieu passe devant le Maroc, à 18 % (contre 25 % la campagne précédente, 28 % du flux de blé tendre) et l’Algérie, à 12 % des volumes (31 % la campagne précédente, 18 % du flux de blé tendre).

 

La mauvaise année d’exportation des céréales a été compensée par les activités agro-industrielles, notamment la trituration de colza (1,91 million de tonnes en 2020-2021, contre 1,78 million de tonnes en 2019-2020). L’agro-industrie est en progression de 4 %, « grâce aux nouvelles prestations développées pour les clients industriels ». Elle représente 49 % de l’activité totale du groupe.

 

 

« En dépit d’une baisse de 26 % des tonnages manutentionnés, le chiffre d’affaires résiste à -7 % », se félicite Sénalia. Il s’établit à 32,9 millions d’euros. Au total, 6 millions de tonnes ont été manutentionnés par Sénalia (céréales export et agro-industrie), contre 8 millions de tonnes en 2019-2020.

Dix-huit classes de qualité de blé en 2020-2021

Concernant la campagne 2021-2022, Gilles Kindelberger la qualifie également d’atypique : « Après une belle prévision en juin 2021, la production a été revue à la baisse à cause de la dégradation des poids spécifiques. »

 

« La récolte de 2021 est relativement abondante, mais les qualités des blés sont très hétérogènes imposant un important travail de ségrégation à l’entrée des silos », souligne Sénalia. Les tonnages de céréales pour l’export devraient augmenter de plus de 1 million de tonnes, pour passer la barre des 4 millions de tonnes chargées.

 

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Et Gilles Kindelberger de se féliciter : « Nous avons pu ségréger les marchés en 18 classes de qualité de blé différentes en simultané », afin de répondre à différents clients et capter de nouveaux marchés (péninsule Ibérique pour l’alimentation animale, Maroc pour l’alimentation animale et la meunerie…). La Chine resterait le premier acheteur.

Moins d’activités avec l’Algérie

« Nous avons fait l’année dernière et cette année aussi un petit peu d’Algérie mais c’est plus compliqué car le pays a changé son cahier des charges et a voulu donner la part belle au blé russe, explique le directeur général de Sénalia. Il a notamment augmenté le taux de protéines requis à 12 % au lieu de 11,5 % auparavant afin de pouvoir récupérer des blés de la mer Noire. »

 

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Mais compte tenu de ce qui se passe en ce moment avec le conflit russo-ukrainien, l’Algérie risque de devoir « une nouvelle fois être obligée de modifier son cahier des charges si elle veut être alimentée par des blés d’autres origines plus en capacité de répondre à leur demande, anticipe Gilles Kindelberger. Car d’ici à la fin de la campagne, au 30 juin, je ne suis pas certain que la France arrivera à satisfaire une demande importante sur des destinations comme l’Algérie. Non pas parce qu’on n’a pas la quantité — on a la capacité de charger — mais surtout parce qu’on n’a pas la qualité par rapport à ce nouveau cahier des charges. Si on le faisait, ce serait à mon avis que pour des quantités relativement limitées. »