Le ministère de la Transition écologique a créé le Label bas carbone en 2018. Cet outil vient certifier des projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre et de séquestration de carbone lorsqu’ils respectent une méthode préalablement validée. « Les grandes cultures, l’arboriculture et la haie en ont une ; pour l’agroforesterie intraparcellaire, nous touchons bientôt au but », explique Olivier Chereau, vice-président de l’Afac-Agroforesteries Pays de la Loire.

En clair : au début d'août, la méthode n’était pas intégralement validée mais certains points, acquis. En particulier, « la méthode va concerner les plantations d’arbres forestiers alignés dans des parcelles de cultures annuelles ou des prairies avec une densité maximale de 99 arbres par hectare », indique Patrick Cochard, conseiller indépendant en agroforesterie et membre du groupe qui élabore la méthode.

Le potentiel de séquestration a lui aussi été arrêté. En l’espèce, la méthode distingue les arbres à croissance moyenne (chêne, châtaignier, noyer, etc.), des arbres à croissance rapide (le peuplier principalement). Pour les premiers, elle retient 24 kg de CO2 séquestrés par arbre et par an ; pour les seconds, 48 kg par arbre et par an. Enfin, concernant le stockage dans le sol, il a été pris en compte pour les parcelles de grandes cultures ; à hauteur de 880 kg par hectare et par an. Dans les prairies, riches en matière organique, il a été considéré comme « négligeable ».

Un modèle rentable

Sur ces bases, l’Afac Pays de la Loire a présenté à la mi-juin une première simulation. L’objectif étant d’approcher le niveau de revenu induit par la séquestration de carbone et au-delà, de préciser les conditions de rentabilité d’une parcelle agroforestière. En pratique, l’association a pris l’hypothèse d’une plantation en culture céréalière, sur des sols « moyens » (65 q/ha). Précisons que cette plantation « type », conforme à ce qui se fait dans la région, présente une densité de 50 tiges par hectare et associe une dizaine d’essences : chêne rouge d’Amérique, chêne sessile et pubescent, cormier, robinier, orme (résistant), merisier, noyer (commun et hybride).

Sur la base de 80 € net/t de CO2, « la séquestration du carbone génère, dans cette parcelle, une plus-value de 167 €/ha/an ((1,2 t + 0, 88 t) x 80 €) », relève l’Afac. L’association a poussé plus loin ses calculs. À cette valeur « carbone », elle a ajouté la valeur du bois — soit 180 €/ha/an bois d’œuvre et bois énergie confondus —, une plus-value foncière liée à l’augmentation du taux de matière organique (+25 €/ha/an) et une plus value cynégétique (+ 20 €/ha/an). À l’arrivée, les pertes de rendement (–20 %) et de marge (190 €/ha/an pour un blé d’hiver) constatées sur la céréale du fait de la présence des arbres sont plus que compensées. « Le solde est positif, à hauteur de 197 €/ha/an, et c’est bien la séquestration du carbone qui le permet », conclut l’association.