Peu présente en France à part en agriculture biologique sur des marchés de niche, la cameline intéresse de plus en plus d’acteurs pour son profil en huiles et protéines ainsi que pour son cycle court, lui permettant d’être positionnée en interculture. « La cameline est une bonne candidate pour la production de carburants d’aviation durables, dont la réglementation exige notamment une non-concurrence sur l’usage des sols, précise Sylvain Marsac, d’Arvalis. Saipol axe d’ailleurs sa stratégie sur cette filière », ajoute-t-il (lire l’encadré ci-dessous).

Arvalis, en partenariat avec Terres Inovia et d’autres acteurs dans le cadre des projets européens Carina et 4CE-MED, mène depuis quelques années des essais en interculture hivernale et dérobée estivale. « En théorie, les deux systèmes peuvent trouver leur place partout en France mais les conditions de réussite font que, dans certaines situations, il s’agira d’opportunisme », explique Sylvain Marsac.

Semer et récolter tôt

En effet, la cameline en dérobée estivale doit être semée très rapidement après la récolte du précédent, qui lui-même doit être récolté tôt, avant le 10 juillet. De plus, en précédent orge, il convient de bien prendre en compte la gestion des pailles et de ne pas faire l’impasse sur l’azote au semis (40 uN). L’irrigation, quand elle est possible, est recommandée pour assurer le bon démarrage de la culture. « En zone très sèche et sans irrigation, la réussite de la technique peut donc être compromise », prévient l’expert. L’interculture d’hiver implique elle aussi des points de vigilance sur l’implantation (semis entre le 1er et le 20 octobre avec un apport de 40 à 60 unités d’azote).

Pour les deux systèmes, il faut être vigilant quant aux éventuelles rémanences de produits herbicides appliqués sur le précédent. Enfin, en interculture d’hiver, la récolte doit être la plus précoce possible pour assurer la réussite de la culture principale suivante. La technique du fauchage-andainage est alors préconisée : elle permet, selon les essais d’Arvalis, de gagner quatre à dix jours de récolte sans impacter le rendement. « Comme les siliques de la cameline sont peu déhiscentes, le fauchage entraîne très peu de pertes contrairement à d’autres cultures », précise Sylvain Marsac.

Rentabilité à confirmer

« Sur le plan technico-économique, nous n’en sommes qu’au début », souligne-t-il. En effet, la durabilité de la culture est intéressante en raison de ses très faibles besoins en intrants. Il y a donc peu de trésorerie à engager par rapport à d’autres cultures. Mais son rendement est plus bas. Par conséquent, l’évaluation économique est très dépendante du prix de vente. « À ce jour, grâce au mécanisme incitatif pour développer cette production (Saipol), les marges sont intéressantes sur la succession des cultures. Néanmoins, elles restent très en lien avec cette hypothèse économique. »

Outre la cameline, les instituts s’intéressent aussi à la moutarde d’Abyssinie : « Nous connaissons moins bien son cycle. Elle est a priori plus sensible aux ravageurs, notamment à l’altise, nuance Sylvain Marsac. Nous travaillons dans nos essais sur des modalités d’implantation qui pourraient pallier ce problème »