La maladie hémorragique épizootique (MHE) a bouleversé le marché du broutard dès son apparition en France, en septembre 2023. Très rapidement, l’Algérie a fermé ses portes aux importations en provenance de l’Hexagone. Selon l’Institut de l’élevage (Idele), au 24 octobre, les exports vers l’Italie tous bovins confondus ont augmenté de 15 % entre le 25 septembre et le 15 octobre 2023, par rapport à la même période en 2022. Après une forte baisse des envois vers l’Italie en août par manque de disponibilités, ils ont ainsi atteint 67 000 animaux en trois semaines.

« La demande en broutards reste donc bien présente en France et en Italie, ce qui a permis d’absorber les animaux destinés initialement à l’Algérie », explique l’Idele. Les besoins de l’Espagne en broutards lourds étaient très élevés l’été dernier, en raison de la sécheresse. Les flux vers la péninsule Ibérique sont revenus à un niveau similaire à 2022 entre septembre et octobre.

Prix sous pression

Martial Tardivon, responsable des ventes sur le marché de Moulins-Engilbert, a observé l’impact de ce contexte nouveau sur les cours français. « La fermeture du marché algérien a fait retomber la surchauffe des cours des broutards. Au début de septembre, ils étaient élevés, car l’Algérie venait de rouvrir ses portes », souligne-t-il. Au 15 octobre, le charolais de conformation U de 350 kg cotait 3,49 €/kg, en repli de 9 centimes sur quatre semaines. Cette cotation, bien que supérieure de 5 centimes à celle de 2022, résulte de la déclaration d’un cas de MHE en Suisse au début d'octobre [désormais infirmé, NDLR].

« La mise en place d’une deuxième zone réglementée a mis sous pression les prix des broutards charolais », explique l’Idele. Les limousins subissent moins cette baisse des cours. Le tarif du limousin E de 350 kg vif reste stable, à 3,85 €/kg au 15 octobre. « Les cours des femelles limousines n’ont pas été non plus soumis à la baisse », souligne l’Idele.

Plus globalement, « l’offre est très limitée, ce qui permet de conserver des cours acceptables », estime Martial Tardivon (voir encadré ci-contre). Sur le terrain, les éleveurs situés en dehors de la zone réglementée vis-à-vis de la MHE « surveillent de près l’évolution de la maladie, mais il n’y a pas de mouvement de panique. Ils désinsectisent en prévision, pour n’avoir qu’à réaliser le test PCR si leur exploitation passe en zone réglementée », explique le responsable des ventes. Selon lui, le maintien de la demande permet d’éviter « une crise aussi grosse que celles des maladies précédemment connues par la filière ».