Les États membres de l’Union européenne expriment des préoccupations importantes sur la stratégie de protection des forêts à l’horizon de 2030. Le lundi 15 novembre 2021, ils ont demandé des clarifications et exhorté la Commission européenne à tenir compte des impératifs de la filière du bois et des compétences des 27.

 

Des préoccupations pleinement partagées par les propriétaires et gestionnaires forestiers européens dans un communiqué de presse conjoint du 15 novembre.

Ce que prévoit le plan de protection des forêts

Outre une « feuille de route » pour planter trois milliards d’arbres, la Commission proposait d’imposer aux États des objectifs contraignants de « restauration de la nature », d’établir une collecte de données harmonisées et de créer un système d’indemnités aux propriétaires de forêts pour « récompenser leurs efforts » s’ils adoptent des techniques vertueuses (rétention d’eau…) ou laissent intactes certaines surfaces.

 

Une dizaine d’États, comme la France, la Finlande et l’Autriche, avaient alors dénoncé un projet « ignorant le rôle multifonctionnel des forêts, réduites à des considérations environnementales », alors que la filière du bois représente 20 % des entreprises manufacturières de l’Union européenne.

 

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Les 27 intiment l’Union européenne de revoir sa copie

Réunis à Bruxelles ce lundi 15 novembre, les ministres européens de l’Agriculture ont reconnu « le rôle clé des forêts dans la lutte contre la perte de biodiversité et le changement climatique ». Toutefois, ils ont appelé la Commission, qui doit désormais traduire sa stratégie en mesures concrètes, à trouver « un équilibre entre aspects environnementaux, sociaux et économiques d’une gestion forestière durable ».

 

En pratique, les États « exhortent [Bruxelles] à associer pleinement les propriétaires et gestionnaires de forêts aux consultations » pour élaborer ses mesures.

 

Autre grief : la Commission a élaboré sa stratégie sans consultation avec les États, dont la gestion forestière est pourtant une compétence. « La subsidiarité doit être respectée : nous ne pensons pas que des directives centralisées puissent remplacer l’expertise et la pratique du terrain », a tancé la ministre allemande de l’Agriculture, Julia Klöckner.

 

Une « approche uniforme des forêts pourrait s’avérer contre-productive », observent les ministres, qui appellent à mieux utiliser les données existantes avant d’élaborer un mécanisme de surveillance unifié. Ils mettent aussi en garde contre le risque de « charges administratives et coûts supplémentaires ».

 

-Agrarrat beschließt Schlussfolgerungen zur EU-#Wald-Strategie: Wälder weiterhin nachhaltig und multifunktional bewirtschaften. BMin @JuliaKloeckner betont: "Es geht um eine gute Balance zwischen Biodiversität, Klimaschutz u. Wirtschaftlichkeit."

PM ⇨ https://t.co/xYjooEWdD5 pic.twitter.com/TE5wKMEsvg

— BMEL (@bmel) November 15, 2021

 

Les ONG environnementales en demandent plus

Ces conclusions ont été applaudies par la Confédération européenne des propriétaires de forêts, dont les revendications sont largement reprises. Dans un communiqué de presse conjoint du lundi 15 novembre 2021, ils s’allient aux États membres pour demander des clarifications à l’Union européenne et affirment qu’ils tiendront leurs engagements une fois leurs demandes entendues.

 

De leur côté, les ONG environnementales ont accueilli les conclusions des 27 avec réserve. « C’est loin d’être parfait, mais l’idée principale est que les ministres européens de l’Agriculture donnent leur feu vert à la Commission pour lancer un nouveau texte législatif pour mieux surveiller les forêts européennes », a commenté Kelsey Perlman, de l’ONG Fern.

 

Today, the @eucouncil Conclusions on the #EUForestStrategy gave a green light to efforts to start protecting European forests.

Member States must now rise to the challenge.

Read more: https://t.co/21x8n54gKB pic.twitter.com/00E1xLRmup

— Fern (@Fern_NGO) November 15, 2021

 

Bruxelles doit par ailleurs présenter ce mercredi 17 novembre des mesures spécifiques pour lutter contre la déforestation. La France, qui occupera à partir de janvier 2022 la présidence de l’Union européenne, assure préparer un « texte important » visant à restreindre l’importation dans l’Union européenne de produits issus de la déforestation.

 

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