Depuis qu’il le pratique, Hervé Fouilleul a raté un seul semis de haie, à cause des campagnols. « Quand on a comme moi 100 % de la SAU en prairie, c’est le premier facteur d’échec. Il faut y faire attention. Pour autant, la technique reste intéressante », apprécie l’agriculteur de Saint-Pierre-Montlimart, dans le Maine-et-Loire. Titulaire d’un BTS en gestion et protection de la nature, Hervé Fouilleul a repris l’élevage allaitant de ses beaux-parents en 2018.
Aujourd’hui, l’exploitation couvre 60 ha et totalise 12 500 mètres linéaires de haies. La grande majorité (11,3 km) est faite de haies de bordure. Pour leur renouvellement, Hervé Fouilleul — et son beau-père avant lui — privilégie le semis. « Depuis 2017, j’ai restauré 700 mètres linéaires de cette manière. »
Du bois déchiqueté pour pailler
En pratique, l’agriculteur réalise le semis à l’automne, au mois de novembre. « Comme pour un chantier de plantation, je commence par un décompactage et un travail superficiel du sol sur 2,50 m de largeur. » Ensuite, il apporte du fumier composté : trois godets (4,5 m³) pour 200 mètres linéaires lors de son dernier chantier, en 2020. Hervé Fouilleul sème à la volée et compte une poignée de graines (± 10 centilitres) pour 4,5 m² (3 m x 1,5 m). « Ensuite, je rappuie les graines avec un tracteur utilitaire et je paille. »
Au fil des chantiers, l’éleveur a testé différents produits de paillage : des feuilles mortes, de la paille et du bois déchiqueté qu’il privilégie désormais. « C’est de loin ce qui dure le plus longtemps — cinq ans environ — et attire le moins vite les rongeurs », constate-t-il. Le bois déchiqueté provient de l’exploitation. Hervé Fouilleul le dépose au godet désileur, sur 8-10 cm d’épaisseur. Comparé à un chantier de plantation, le semis de haie demande moins de temps et moins de personnel.
Hervé Fouilleul est seul à semer. Il estime sa cadence entre deux et trois km/h. « Le semis a d’autres avantages : en particulier, il joue favorablement sur la densité du bois, limite les travaux de taille et fournit rapidement — en trois ans — un brise-vent efficace. Par contre, il faut anticiper la récolte des graines. »
Des haies plus larges
Hervé Fouilleul compose ses haies lui-même, suivant trois critères : la production (bois et fruits), l’aptitude à retenir l’eau et à favoriser son infiltration, et enfin la capacité de l’essence à attirer les auxiliaires, pollinisateurs compris. À titre d’exemple, dans la haie semée en 2020, il a intégré une quinzaine d’essences : aubépine, chêne, cormier, cornouiller, érable, fusain, nerprun purgatif, noisetier, noyer, etc.
Hervé Fouilleul prélève les graines sur des sujets plantés avant les années 1970-1980 (1). Si besoin, il les stocke au sec dans un bâtiment et à plat. Une fois la haie semée, l’agriculteur n’intervient plus ; sauf éventuellement pour une taille de formation sur les hauts-jets. « Certaines graines mettent très longtemps à germer : l’aubépine par exemple, c’est dix-huit mois ! Au départ, c’est déroutant ; une fois qu’on le sait, ça va mieux. » À l’expérience, les haies semées s’avèrent également plus larges que les plantées, « autour de trois mètres en pied ».
(1) Pour la période de récolte, se référer au calendrier de « Réseau Haies France », disponible en ligne.