Les prix des céréales à paille sont à la baisse à la suite des bons résultats de récolte mais le colza remonte compte tenu d’une production européenne désastreuse. Quant au maïs, il résiste sur fond d’inquiétudes météo.

Blé : légère baisse des prix

Le prix du blé français s’est légèrement affaissé cette semaine, perdant 3,3 €/t, à 169,75 €/t prix rendu Rouen. Cette baisse s’explique par les résultats des récoltes en France et en Europe qui sont plutôt supérieurs à ce qui était prévu initialement dans l’ouest de l’UE, la France notamment. La qualité est également meilleure en France que précédemment anticipé (à la suite des premiers résultats dans le Sud-Ouest), avec des taux de protéines à 11 %, voire supérieurs. Deuxième élément d’explication, le prix US est également à la baisse. Le prix Fob SRW perd 4 % en une semaine, à 216 $/t. Le rapport hebdomadaire sur l’état des cultures, publié lundi, a fourni des éléments sur une progression des récoltes plus rapide que prévu, ce qui a pesé sur les prix US, de même que de bonnes conditions climatiques pour le maïs dans l’est du pays.

 

Il est à noter cette semaine que le blé russe a commencé à répondre à la demande égyptienne, avec un achat du Gasc de 60 000 tonnes de blé russe à 215,54 $/t à destination. Le prix russe, contrairement aux autres cotations, est resté stable sur les trois dernières semaines alors que le prix des autres origines baissait. En conséquence, le prix du blé meunier français se retrouve désormais au même niveau que le prix russe des blés à 12,5 % de protéine, à 196 $/t. Il faut toutefois plutôt comparer le blé français meunier au blé russe meunier à 11,5 % en termes de qualité. Celui-ci est coté à 187 $/t. Le blé français reste donc encore trop cher par rapport au blé russe mais l’écart se resserre à cause des inquiétudes qui pointent en Russie.

 

Les estimations de récolte russe sont revues à la baisse par les analystes, et de façon particulièrement sévère par l’USDA, à 74 millions de tonnes dans son dernier rapport mensuel sur l’offre et la demande mondiale. De notre côté, nous tablons sur une production de 77,7 millions de tonnes. Les retours sur le déroulé des récoltes font part de fortes disparités régionales avec des rendements qui ne remontent pas dans le sud du pays à mesure que la moisson progresse (ce qui est d’habitude le cas), des pluies dans la région du Centre et de la Volga qui pourraient dégrader la qualité des grains et retarder les récoltes et une crainte de sécheresse dans la Sibérie de l’Ouest. Dans le même temps, d’autres régions font état de bonnes récoltes et de taux de protéines très satisfaisants. Les retours sur la poursuite de la récolte russe dans les semaines à venir seront déterminants pour connaître l’évolution des cours du blé français.

Le maïs français résiste

La tendance générale sur le marché mondial du maïs cette semaine était à l’apaisement, ce que reflète la chute de 5 $/t des prix US (à 199 $/t Fob Gulf) et de 10 $/t des valeurs ukrainiennes et sud-américaines. En effet, la situation climatique s’est plutôt améliorée dans l’est des USA (bon équilibre entre les températures et les précipitations), apportant un peu de répit aux cultures. Le marché US, rendu fragile par la forte régression des surfaces semées, va rester en alerte cependant et la moindre inquiétude pourrait faire repartir les prix à la hausse pendant la phase de pollinisation qui arrive. Les prix mondiaux seront aussi largement influencés par les résultats de la nouvelle enquête que l’UDSA publiera en août concernant les surfaces effectivement semées aux USA.

 

En Argentine, l’arrêt des pluies a permis une bonne avancée de la récolte de maïs ces derniers jours et les rendements apparaissent supérieurs aux estimations initiales.

 

Ces facteurs ont exercé une pression sur les prix français sans les faire chuter pour autant à cause du manque de pluie et des fortes chaleurs annoncées pour la semaine prochaine en Europe. Le maïs Fob Rhin reste ainsi stable en nouvelle campagne (à 166 €/t). La part des plantes considérées en état bon à excellent a diminué à 74 % cette semaine contre 78 % la semaine dernière. Cela restait quand même un niveau supérieur à celui de l’an passé à la même date (71 %).

Orge : bons rendements mais bémol qualitatif

Après le regain de la fin de la semaine dernière, les orges de mouture ont perdu du terrain cette semaine, abandonnant entre 1 et 2 €/t selon les places, à 159,25 €/t rendu Rouen. Sur le marché mondial, les orges françaises valent maintenant 184 $/t, soit 3 $/t de plus que les orges de la mer Noire. L’écart entre les deux origines a continué de rétrécir, conduisant à une compétition ardue entre elles. Toutefois, étant donné le fort engagement à l’exportation des orges ukrainiennes, les prix mer Noire ne devraient plus avoir beaucoup de potentiel de baisse, ce qui pourrait soutenir à moyen terme les prix français. À très court terme en revanche, c’est plutôt le poids de la récolte et les bons rendements observés dans le sud, le centre et l’ouest du pays qui pèsent sur les prix.

 

Sur le créneau brassicole, les prix restent presque stables pour les variétés de printemps (à 170 €/t Fob Creil) mais gagnent 4 €/t pour les variétés d’hiver à 164 €/t Fob Creil. Plusieurs facteurs se conjuguent : les prix restent influencés par les très bons rendements obtenus, en orge de printemps notamment. En revanche, même si la qualité est bonne (très bons PS), les retours concernant les calibrages sont mitigés et les taux de protéines semblent assez bas. Cet aspect qualitatif vient temporiser, en orge d’hiver, l’enthousiasme lié aux rendements et conduit donc les prix d’hiver en légère hausse cette semaine.

Le soja recule avec l’amélioration climatique aux États-Unis

Le complexe soja affiche une tendance baissière cette semaine, sous l’effet de l’amélioration des conditions des cultures. Le soja à Chicago recule ainsi de 5 à 7 $/t selon les échéances depuis la semaine dernière. D’une part, le rapport hebdomadaire publié par l’USDA lundi dernier affichait une légère hausse de la part des champs dans un état jugé bon à excellent. D’autre part, après une alerte annonçant des températures élevées, des pluies sont arrivées sur les États du Midwest, ce qui a rassuré les marchés. La prochaine semaine s’annonce un peu sèche mais sans excès de température. La faible demande à l’importation de la Chine qui perdure a aussi contribué à compresser les cours du soja, tout comme la chute du prix du pétrole. À New York, ce dernier a perdu plus de 8 % cette semaine, tombant à seulement 55 $ le baril. La hausse des stocks d’essence aux États-Unis, la détente (jusqu’à quand ?) des relations entre États-Unis et l’Iran et un nouveau blocage dans les négociations sino-américaines ont fait reculer les prix. Les cours de l’huile de soja en ont pâti, ce qui s’est reporté par ricochet sur les cotations de la fève de soja.

Les cours du colza progressent bien

Les pertes de potentiel semblent se confirmer dans toutes les grandes régions de production de l’ouest de l’UE. La production française de colza vient d’être revue en baisse. Elle pourrait ne pas dépasser 3,6 Mt (millions de tonnes) et celle de l’Allemagne atteindre tout juste 3 Mt. Ces niveaux sont historiquement bas (ils n’ont pas été atteints depuis plus de 15 ans). De plus l’avancée de la récolte en Ukraine montre des rendements inférieurs aux attentes, surtout dans les deux tiers des terres les plus méridionales. Cela a soutenu les cours de la graine de colza, qui augmentent de 5,5 €/t rendu Rouen cette semaine (à 364,50/t) et de 3,5 €/t en Fob Moselle (à 372,50 €/t).

 

Au Canada, les prairies de l’ouest ont été bien arrosées cette semaine, ce qui devrait continuer à améliorer l’état des cultures. La situation est particulièrement inquiétante au Saskatchewan avec un début de cycle marqué par la sécheresse. En Alberta et au Manitoba en revanche, les cultures de canola sont dans une situation proches de la moyenne. Ainsi le canola canadien recule de 1 $/t sur le rapproché. Les chargements de canola rendus UE ont ainsi gagné en intérêt cette semaine. Des chargements de canola certifié durable sont attendus dans les ports de l’UE dès le mois d’août. Son utilisation reste toutefois limitée par la nécessité pour les triturateurs de trouver des clients susceptibles d’acheter des tourteaux de canola OGM dans l’UE.

Maintien des cours du tournesol

Le temps chaud et sec se prolongeant en France, les pertes de rendement du tournesol commencent à gagner en probabilité. À l’inverse, les conditions restent bonnes à très bonnes en mer Noire. Le prix mondial de l’huile de tournesol s’est par ailleurs récemment renforcé sous l’effet d’une bonne demande indienne et chinoise. Tiraillés entre deux tendances, les cours du tournesol en France sont reconduits cette semaine.

Chute des cours des tourteaux et du pois

À Chicago, le prix du tourteau de soja recule à la suite de la fève et perd 5 $/t sur la semaine. Le prix du tourteau de soja dans l’UE, déjà bas, se stabilise à 323 €/t départ au Montoir. Il bénéficie d’une bonne demande des fabricants d’aliments européens, qui soutient les prix. Le prix du pois, qui était fortement monté la semaine dernière, se corrige en légère baisse (–5 €/t à 195 €/t départ Marne). Ce mouvement de prix était indispensable au pois fourrager pour regagner en attractivité dans les rations animales.

 

À SUIVRE : avancée et qualité de la récolte des céréales et de colza en mer Noire et UE, conditions climatiques européennes et nord-américaines et leur impact sur le développement des maïs et soja, cours du pétrole, négociations commerciales entre USA et Chine.