Les prix des céréales ont continué de chuter encore modérément cette semaine avec les pluies sur le Midwest américain et les bonnes perspectives de récoltes de blé en Europe et dans la zone de la mer Noire. Le colza et le soja reviennent un peu en arrière après les fortes baisses de la semaine dernière.
Le maïs lâche encore un peu de lest
Les prix du maïs ont maintenu leur orientation baissière cette semaine, en ancienne comme en nouvelle campagne. En base juillet, les prix de la récolte de 2020 ont abandonné 10 €/t Fob Rhin, à 260 €/t, et 7,5 €/t Fob bordeaux, à 251,5 €/t ; les prix de la nouvelle récolte ont chuté de 7 €/t Fob Rhin, à 206 €/t (base juillet). Les cotations françaises ont suivi celles des autres origines mondiales, en baisse de 2 $/t (maïs ukrainien), à 13 $/t (maïs US), selon les places.
Les prix restent fortement influencés par la situation météorologique sur la Corn-belt américaine. Selon les notations du ministère de l’Agriculture des États-Unis, l’USDA, la situation des maïs américains s’est dégradée jusqu’à la semaine dernière à cause du sec qui prévaut dans l’ouest et le nord des régions de production. 65 % des plants y étaient considérés comme bons à excellents : une part en baisse de 3 points par rapport à la précédente notation. Avec les pluies arrivées récemment dans le Midwest (Iowa notamment), les inquiétudes ont toutefois baissé, même si les prévisions restent scrutées avec précision.
Au Brésil, les estimations pour la seconde récolte sont revues en baisse par plusieurs opérateurs, l’analyste Agroconsult la révisant à 90 millions de tonnes. Nous travaillons de notre côté sur la base de 94 millions avec une appréciation un peu moins pessimiste pour la Mato Grosso.
Les prix du maïs vont rester sensibles à tout événement climatique tant que les phases de pollinisation ne seront pas passées des deux côtés de l’Atlantique. Dans le cadre d’une situation mondiale qui ne peut se permettre de grave dégradation des perspectives de récolte, le rapport sur les surfaces que l’USDA publiera le mercredi 30 juin 2021 est attendu avec impatience. En Europe, les perspectives restent bonnes actuellement.
Baisse modérée des prix du blé français
Les prix du blé sur le marché français se sont légèrement affaissés depuis la semaine dernière. Le blé rendu Rouen valait environ 203 €/t hier (–1 €/t), mais celui de La Pallice 205,75 €/t (inchangé). Sur Euronext, les prix à la mi-journée affichent une baisse de 3 €/t, à 202,5 €/t, par rapport à vendredi dernier. Sur le marché mondial, Fob Rouen, les blés français se retrouvent à 249 $/t, proches des blés russes à 12,5 % de protéines (248 $/t) et plus chers que les blés meuniers ukrainiens (244 $/t).
Les prix du blé ont suivi la tendance du maïs et ont également été influencés par deux éléments de taille. Tout d’abord, la récolte russe s’annonce désormais plus élevée que prévu, proche des 85 millions de tonnes, voire plus. Malgré la nette dégradation des perspectives de production au Kazakhstan en raison de la sécheresse dans les zones de production du blé, la révision en hausse russe l’emporte en termes d’impact sur les prix. Par ailleurs, il se confirme que les surfaces de blé seront très élevées en Australie. L’offre mondiale est donc en train d’être revue à la hausse, et l’Europe y contribue avec les bons résultats qui s’annoncent en France et dans le Sud-Est.
Par ailleurs, il est important de noter que la Russie a chargé un bateau (28 500 tonnes) de blé à destination de l’Algérie cette semaine. C’est le premier chargement depuis que l’agence d’achat algérienne (OAIC) a décidé d’assouplir ses exigences sur les grains punaisés. L’union des exportateurs russes espère pourvoir exporter environ un million de tonnes à l’Algérie, ce qui n’est pas gagné d’avance étant donné les strictes exigences qualitatives de l’Algérie. Néanmoins, il s’agit bien désormais de la concrétisation d’une concurrence accrue pour les blés français.
Poursuite de la baisse en orge de brasserie
Les prix fourragers n’ont guère évolué sur le marché français de l’orge et restent proches de 201 €/t rendu Rouen, soit 245 $/t Fob Rouen. Les orges françaises sont à parité Fob avec leurs homologues ukrainiennes et australiennes. L’achat de la Turquie cette semaine de 320 000 tonnes n’a pas suscité de gros mouvements et pourrait se porter sur des orges russes, légèrement moins chères.
Les orges brassicoles, en revanche, ont vu leur prix s’affaisser nettement cette semaine (–7 €/t en variété d‘hiver à 208 €/t et –3 €/t en variété de printemps à 217 €/t Fob Creil).
Correction haussière en colza
Après la forte baisse de la semaine dernière, les prix du colza ont repris un peu de couleur cette semaine à la suite des graines de soja. La chute de la semaine dernière avait fait suite au retour des pluies au Canada, aux bonnes conditions en Australie et en Europe mais surtout à la baisse des prix des huiles végétales avec la confusion concernant la future politique américaine sur les biocarburants.
Cette confusion ne s’est pas dissipée mais la situation reste fragile au Canada, où le manque d’humidité est encore d’actualité, au Saskatchewan par exemple. La demande mondiale en huile de colza va rester élevée, surtout si le prix du pétrole continue d’augmenter, et cela restera un facteur de soutien pour le prix du colza pendant l’ensemble de la campagne. La situation européenne s’annonce tout de même moins tendue que celle de 2020-2021.
Dans l’Union européenne, les perspectives de récolte de colza sont bonnes. Nous venons même de les revoir en hausse en Roumanie — en France, la production reste prévue en déclin à cause de la chute des surfaces — alors que la dégradation récente des marges de trituration (avec la chute du prix des huiles) vient plutôt peser sur la demande prévue en 2021-2022, maintenant moins élevée que celle de 2020-2021.
Correction haussière en graine de soja également
La graine de soja a subi une correction haussière après l’effondrement de la semaine dernière. Cet effondrement avait découlé du retour des pluies dans le Midwest américain, de la perspective d’une remontée, à terme, des taux d’intérêt US, et enfin des inquiétudes liées à la politique américaine des biocarburants.
Le soja a donc regagné presque 20 $/t cette semaine, à 507 $/t à Chicago et 527 $/t Fob Brésil, dans un contexte où la récolte US est encore loin d’être assurée, et où les achats chinois demeurent importants.
La graine a aussi bénéficié de la stabilisation, cette semaine, du prix des huiles. Le bilan mondial des graines de soja demeure très fragile sur la fin de la campagne de 2020-2021, tout particulièrement aux États-Unis où les disponibilités sont très faibles, après une année de forte demande à l’exportation et de la part de l’industrie de la trituration. Les importateurs vont être également confrontés à une pénurie croissante en sojas brésiliens, ces derniers étant accaparés par la Chine en attendant la nouvelle récolte US.
La taxation à l’exportation des fèves argentines limite par ailleurs les ventes internationales, au profit de la trituration locale, ce qui réduit encore davantage les volumes disponibles pour les importateurs.
Les tourteaux s’affaissent encore un peu
Malgré le rebond du prix de la graine de soja, les tourteaux sont restés sur la lancée de la semaine dernière et perdent encore de la valeur cette semaine (–19 $/t à Chicago, à 380 $/t, –16 $/t Fob Argentine, à 384,5 $/t, et –21 €/t à Montoir, à 387 €/t).
Les usines argentines fonctionnent à plein régime compte tenu des disponibilités importantes de soja issues de la récolte de 2021 et de bonnes marges de trituration, ce qui pèse sur les prix.
Par ailleurs, face à une offre importante qui a résulté de très bonnes marges de trituration, les utilisations de tourteaux s’avèrent un peu plus faibles que prévu dans l’Union européenne, au Benelux et en France notamment.
Le tournesol aussi s’affaisse encore un peu
Le tournesol à Saint-Nazaire a perdu 10 €/t sur la semaine, que ce soit en qualité oléique ou en qualité standard à 460 et 470 €/t respectivement.
En mer Noire, les prix ont reculé plus fortement avec la perspective d’une bonne récolte en fin d’été, même si le printemps a été placé sous le signe de la fraîcheur. Les semis de tournesol étaient pratiquement finalisés au 10 juin 2021 en Ukraine, un peu plus tardivement que lors des récentes campagnes, mais cela ne devrait pas avoir de conséquences négatives pour les cultures. Notre prévision de production de tournesol en Ukraine reste attendue en fort rebond par rapport à 2020-2021, à 16,1 millions de tonnes. Le record atteint pour 2019-2020 pourrait être très largement battu en cas de bonnes conditions météorologiques pendant l’été à venir.
On observe toutefois cette semaine que les prix de l’huile de tournesol sont repartis à la hausse après la forte baisse des dernières semaines ; cela pourrait venir arrêter la baisse des prix du tournesol.
À suivre : conditions météo du printemps dans l’hémisphère Nord, résultats des moissons de céréales d’hiver aux États-Unis, en mer Noire et en Europe, situation sanitaire et son impact sur la demande (huiles), prix du pétrole, obligations d’incorporation en biocarburants (États-Unis).