En Europe, la production de blé (dur et tendre) en 2022 est estimée à 131,2 millions de tonnes (Mt) par Agritel, en baisse de 7 Mt comparé à l’an dernier. À l’image de la France, le rythme des exportations est soutenu : Agritel table sur des exportations européennes de blé tout compris (tendre et dur, farine, semoule) à 33,5 Mt en 2022-2023. « Les stocks de fin de campagne sont plutôt faibles, et la situation assez tendue », commente Nathan Cordier, analyste pour Agritel.

 

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Marché mondial tendu

Aux États-Unis, après une récolte en berne en 2021, la production tous blés devrait rebondir de 3,8 Mt, à 48,5 Mt, mais la production de blé d’hiver HRW serait au plus bas depuis 1963. « Le début de la campagne d’exportation américaine a été assez dynamique, puis s’est ralenti, avec l’ouverture du corridor en Ukraine et la montée en puissance du blé russe », explique le spécialiste.

 

Le Canada connaît également un rebond de sa récolte de blé de printemps, à 34,5 Mt, « mais ses stocks de fin de campagne sont bas, loin de ceux de 2015 ou 2016 », affirme Nathan Cordier. La sécheresse affecte le potentiel de l’Argentine, dont la production s’établirait à 17,7 Mt, selon Agritel, tandis que l’Australie connaîtrait sa deuxième meilleure récolte à 33 Mt.

Des disponibilités records en Russie

En Russie, c’est une moisson de blé « plus que record » qui est attendue, à la faveur de bonnes conditions de cultures, avec un rendement en nette hausse à 4,2 t/ha. Agritel l’estime à 95 Mt. « On est loin du précédent record de 2020, à 85,4 Mt, souligne Nathan Cordier. Les niveaux de stocks étant importants, les disponibilités russes dépassent les 100 Mt pour la première fois de l’histoire. »

 

En Ukraine, la production est attendue à moins de 20 Mt. Le corridor maritime permettrait d’exporter 12 Mt de blé, selon Agritel. « Aujourd’hui on a, certes, une accélération des exportations, mais qui n’est pas suffisante pour rétablir les trésoreries des producteurs ukrainiens. On peut s’attendre à une baisse des surfaces cultivées de blé d’hiver de –20 à –30 % sur la prochaine campagne. »

Accélération nécessaire des exportations en mer Noire

Les stocks en mer Noire sont « colossaux sur le papier ». « La situation mondiale est extrêmement dépendante du blé en Ukraine et en Russie », insiste Nathan Cordier. Une cadence ralentie mettrait à risque les flux et la stabilité à l’échelle mondiale. « 40 % du blé qui restera en stock chez les huit plus grands exportateurs en fin de campagne sera en Russie et Ukraine », anticipe-t-il.

 

Le début de campagne des exportations russes s’est révélé timide, en recul de 17 % par rapport à l’année dernière. « Nous prévoyons 42 Mt d’exportations russes, mais il faudra surveiller dans les prochains moins si la Russie est capable d’accélérer son rythme », détaille Nathan Cordier.