Ce ne sera pas l’année du siècle pour les céréales d’hiver en France. Dans son bulletin Mars, publié le 15 juin 2020 pour la période du 1er mai au 10 juin, la Commission européenne a en effet révisé à la baisse les prévisions de rendements français.

Forte tendance à la baisse

La Commission européenne prévoit les rendements français des cultures d’hiver « à un niveau exceptionnellement bas ». Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en blé tendre par exemple, le rendement moyen français est estimé à 65,8 q/ha, soit 17 % de moins qu’en 2019 (à 79,2 q/ha), et 7,5 % en dessous de la la moyenne quinquennale.

 

Le rendement moyen du blé dur est prévu à 50,1 q/ha (- 20 % comparé à 2019). Celui de l’orge d’hiver à 53,6 q/ha (- 24 % par rapport à 2019) et 58,1 q/ha pour l’orge de printemps (-18 % par rapport à 2019). Le colza subit également une révision à la baisse, moins importante cependant, avec une estimation à 30 q/ha (- 4,1 % par rapport à 2019).

Malgré la pluie, impact de la sécheresse

« Après une longue période de déficit pluvieux, des pluies importantes sont arrivées dans la plupart des régions au début du mois de mai, limitant ainsi la dégradation des conditions hivernales », analyse Bruxelles. Le manque d’eau a néanmoins laissé des traces, la sécheresse étant intervenue « alors que les plantes n’avaient pas développé un système d’enracinement suffisant ».

Prévisions plus optimistes pour les cultures d’été

Le bulletin Mars fait état d’un « bon départ pour la plupart des cultures d’été », dont les prévisions sont maintenues « proches de la tendance. » L’estimation du rendement moyen du maïs grain s’élève ainsi à 88,5 q/ha (+ 3,1 % par rapport à 2019). En tournesol, la récolte serait également meilleure que l’année dernière, avec un rendement prévu à 23,6 q/ha (+ 9,6 % par rapport à 2019). Même tendance à la hausse en betterave sucrière, avec 88,4 t/ha (+4,4 % par rapport à 2019), ou encore en pomme de terre, avec 43,1 t/ha (+4 % par rapport à 2019).

 

« Les cultures d’été se sont développées rapidement grâce aux températures moyennes supérieures, et ont bénéficié des précipitations observées depuis début mai, note la Commission européenne. Des précipitations supplémentaires sont encore nécessaires pour reconstituer les niveaux d’humidité du sol, en particulier dans l’Est, ainsi que dans les régions du nord-ouest où le déficit pluviométrique actuel devrait déjà avoir eu un impact négatif sur les pommes de terre et la betterave sucrière. »

Situation généralisée dans l’Union européenne

Ailleurs en Europe, la tendance est similaire : les prévisions de rendement pour les céréales d’hiver et le colza ont été révisées à la baisse d’environ 2 %, tirées par la France, la Roumanie et les pays du Benelux (Belgique, Pays-Bas, Luxembourg). Elles sont désormais « nettement inférieures à la moyenne quinquennale », affirme le bulletin.

 

En cause, « le déficit persistant de pluie dans de grandes régions du nord-ouest de l’Europe ainsi qu’en Hongrie et dans l’est de la Roumanie, souligne-t-il. Au cours de la période considérée, les cultures d’hiver dans ces régions ont été négativement affectées aux stades sensibles autour de la floraison et/ou pendant le remplissage des grains, selon le type de culture et la région. »

 

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En revanche, les rendements pour le maïs grain et le tournesol ont été revus à la hausse dans l’Union européenne, « en raison de l’amélioration ou la poursuite des conditions favorables pour les cultures d’été en Roumanie, Hongrie, Bulgarie et Espagne. »