Depuis le début de juillet, les prix du blé sont en net recul en raison des négociations entre l’Ukraine, la Russie et les Nations unies pour la signature d’un accord permettant l’ouverture d’un corridor maritime au départ de la mer Noire.

Un accord fragile

Cet accord, qui a été ratifié le 22 juillet, pourrait permettre de libérer des volumes importants de céréales ukrainiennes pour quatre mois renouvelables. Il inclut aussi un allègement des sanctions financières des pays de l’Otan, qui ne pourront plus affecter les exportations de grains ou d’engrais russes. Cela pourrait faciliter les achats de blé russe. Ainsi, depuis la mi-mai, les prix du blé en France ont perdu 100 €/t environ — poussés aussi par la baisse du cours du pétrole (–12 %).

 

Toutefois, la mise en œuvre de ce fragile accord est extrêmement complexe. Les récents tirs russes sur le port d’Odessa font planer le doute sur la possibilité de libération des volumes ukrainiens. Quoi qu’il en soit, la reprise des exportations ukrainiennes sera lente (sécurisation des voies navigables minées, infrastructures endommagées, coûts d’assurance élevés pour les bateaux).

 

Mais c’est surtout l’assouplissement des sanctions à l’encontre de la Russie qui pourrait être remis en question et limiter les disponibilités pour le marché mondial si les termes de l’accord ne sont pas respectés. Si des exportations presque records de blé russe n’ont pas lieu, le prix du blé pourrait rester soutenu pendant encore plusieurs mois, malgré une offre suffisante sur le papier.

 

> À lire aussi : Céréales ukrainiennes, un centre de coordination s’ouvre à Istanbul (27/02/2022)

Marché mondial bien approvisionné

À l’échelle mondiale, la production de blé est prévue en petite baisse seulement en 2022-2023 en raison de la diminution des récoltes de l’Union européenne et de l’Ukraine par rapport à l’an passé, et malgré le rebond des récoltes en Amérique du Nord et en Russie. Par ailleurs, la demande animale mondiale devrait décliner avec un rebond d’attractivité du maïs par rapport à la campagne précédente.

 

 

Le contexte économique morose devrait limiter la progression de la demande en viandes, œufs et produits laitiers dans les pays avancés et les économies émergentes. Après deux campagnes de demande industrielle en blé freinée par des restrictions sanitaires dues au Covid, elle pourrait remonter mais sa croissance devrait rester limitée par des prix élevés et une inflation qui affecte le pouvoir d’achat des ménages.

 

Ainsi, le bilan mondial de blé apparaît plutôt confortable en 2022-2023 sans toutefois de gros excédents. En Europe, la situation devrait s’approcher de l’équilibre. Toutefois, les exportations de l’UE dépendront beaucoup de ce qui pourra être exporté au départ de la mer Noire.