À l’occasion d’une conférence de presse tenue le 27 septembre 2023, IBMA France, l’Association française des entreprises de produits de biocontrôle, a présenté comme chaque année, les résultats de son baromètre pour 2022.

Avec un chiffre d’affaires de 278 millions d’euros, les ventes de produits de biocontrôle en 2022 ont progressé de 4,5 % par rapport à l’année 2021, et de 8,5 % par an depuis 2019. « Cette progression s’est un peu tassée par rapport aux années précédentes », souligne néanmoins Céline Barthet, présidente d’IBMA France. Compte tenu d’une croissance plus importante des ventes de produits conventionnels, la part de marché du biocontrôle a baissé en 2022, passant à 10 % contre 13 % l’année précédente.

Impact de la séparation conseil/vente

Les conditions climatiques particulièrement chaudes et séchantes de 2022 ont conduit à un besoin moindre de produits de biocontrôle, puisque les cultures ont été moins exposées aux maladies et ravageurs.

Le contexte ukrainien a également joué sur les ventes avec une anticipation des achats de produits conventionnels, qui ont crû plus vite que ceux des produits de biocontrôle.

La loi sur la séparation du conseil et de la vente (2022 étant la deuxième année de mise en application) a également une forte influence selon IBMA : « Nous constatons une raréfaction du conseil spécifique qui est pourtant crucial au biocontrôle. Par ailleurs, seuls 40 % des produits de biocontrôle sont liés à un CEPP (certificat d’économie de produits phytopharmaceutiques), ce qui ne permet pas de compenser la perte du conseil spécifique », déclare Céline Barthet.

Des solutions herbicides toujours limitées

Dans le détail, la répartition des ventes par grandes familles de produits a peu évolué entre 2021 et 2022, avec une prépondérance des substances naturelles (71 %). Les ventes progressent ou restent stables pour toutes les familles si on compare 2022 aux trois années précédentes.

En matière de segmentation, seuls les molluscicides progressent sur un an en part de marché (34 % en 2022). « Sur certains segments, nous atteignons nos objectifs, mais sur d’autres nous avons encore des progrès à faire, notamment sur les herbicides [2 % en 2022] dont les solutions aujourd’hui restent limitées en nombre », signale Céline Barthet.

Accélérer l’innovation

Pour l’avenir, IBMA maintient son objectif de passer le cap des 30 % du marché de la protection des plantes d’ici à 2030, et de couvrir plus de 50 % des usages en culture à cette même échéance, avec au moins deux produits de biocontrôle à mode d’action différent.

Pour cela, l’accélération de la recherche et de l’innovation en France et en Europe représente un levier indispensable, selon IBMA, avec pour enjeu supplémentaire l’accélération de l’évaluation et de la mise sur le marché des innovations en cours.

« De l’innovation, on en voit et il y en a, mais il y a aussi de la concurrence au niveau mondial. Certains pays, tels que le Brésil, vont prendre beaucoup plus d’importance à l’avenir car il y a chez eux moins de contraintes pour accéder aux marchés par rapport à l’Europe », alerte Denis Longevialle, directeur général d’IBMA France.