Avec les anti-élevage, il faut toujours se montrer prudent et ne jamais crier victoire, car leur travail est une œuvre de longue haleine. Comme avec les abolitionnistes de L214 qui, vidéo après vidéo, sapent l’image des éleveurs en filmant l’exception de ceux qui font mal leur travail, ou envoient aux écoles des brochures prêchant leur « bonne parole ».
Évidemment, dans la galaxie des associations traitant du bien-être animal, toutes ne sont pas extrémistes et certaines restent ouvertes au dialogue. Il n’empêche qu’aujourd’hui, nous sommes face à un référendum d’initiative partagée (RIP) signé par plus de 140 parlementaires et quelque 800 000 Français, qui prône l’interdiction de l’élevage en cage, case, stalle ou box et, à terme, de tout élevage sans accès au plein air. À l’initiative de ce référendum, on trouve d’ailleurs un drôle d’attelage, alliant associations animalistes et environnementales à des milliardaires du net qui ont, pour certains, des intérêts bien sentis dans l’industrie de la viande artificielle, et donc beaucoup à gagner avec la fin de l’élevage. Le tout assorti du soutien de people aussi divers que Pascal Obispo, Stéphane Bern ou Sheila, des experts sans doute… De quoi faire prendre la mayonnaise dans l’esprit d’une partie des Français, qui ne verront dans les mesures proposées que des éléments de bon sens, sans cerner leurs conséquences et les intentions cachées.
Certes, dans la proposition de loi reprenant le RIP pour les animaux, les députés n’ont retenu que l’interdiction de l’élevage de visons, en retirant du texte les articles relatifs aux cages et à l’élevage en plein air (lire page 18). Mais de nouvelles propositions devraient être présentées dans le futur aux parlementaires. En fonction du contexte politique, on pourrait, un jour, avoir un gouvernement ou une majorité prêts à satisfaire des associations ou une partie de l’opinion demandant, par exemple, la fin de la production de foie gras ou des contraintes plus lourdes pour l’élevage. Ainsi, dans le domaine des produits phyto, qui aurait pensé, il y a dix ou quinze ans, à la mise en place de ZNT riverains ?
Même si le RIP ne peut pas aboutir pour les prochaines élections, présidentielle ou législatives, les associations repartiront à l’assaut des candidats pour leur demander de s’engager en faveur du bien-être animal, et de créer un ministère dédié. Dès à présent, il faut donc dénoncer les conséquences de la mise en place des mesures de ce RIP, comme les surfaces démesurées qu’un élevage en plein air nécessiterait, mais aussi les distorsions de concurrence avec nos voisins européens, les importations de pays moins exigeants, et l’atteinte à notre souveraineté alimentaire.