« La consommation spontanée d’eau par l’animal est essentielle, s’accordent à dire Loïc Fulbert et Benoît Michenot des GDS de la Mayenne et de la Loire-Atlantique. L’animal peut se contenter de boire faiblement ou insuffisamment, sans pour autant « exprimer » immédiatement des signes marquants dus à un manque. Les signes et les conséquences apparaissent souvent sur le long terme. »
Il reste que les besoins sont très variables. Pour une vache allaitante, il faut compter de 40 l à 140 l d’eau en fonction du stade physiologique, du taux de matière sèche de la ration, de la température ambiante… L’installation d’un compteur sur chaque ligne d’abreuvement peut être un bon moyen de vérifier la consommation et sa régularité.
Un abreuvoir pour dix vaches a minima en bâtiment
Les animaux doivent donc boire quand ils le souhaitent sans être gênés. « Cela passe par la limitation de la concurrence, en prévoyant au moins un abreuvoir pour 10 vaches allaitantes conduites sur aire paillée, souligne Benoît Michenot. Et il ne faut pas hésiter à en mettre deux lorsqu’il y a 16 vaches, surtout si elles viennent de mettre bas ou si la ration est sèche. »
L’emplacement des points d’eau est également primordial. « Les angles sont à éviter, car l’animal peut se sentir coincé, ajoute-t-il. Il doit pouvoir fuir en toutes circonstances. Le principe est de favoriser l’accès à tous les animaux, y compris les dominés. » Certaines pratiques, comme le blocage des animaux le matin et le soir, accentuent par ailleurs la concurrence au lâcher. « Si les dominés n’ont pas accès à l’abreuvoir lorsqu’ils sont libérés, ils risquent de réduire naturellement leur consommation », signale-t-il.
Tout stress extérieur lié, entre autres, à d’éventuelles circulations de courants parasites est à éviter. « Même si leurs provenances sont multiples et complexes à identifier », reconnaît Loïc Fulbert.
Les fortes températures constituent une contrainte supplémentaire car les besoins des animaux sont multipliés par deux ou par trois. Elles renforcent la nécessité d’un réseau irréprochable. « La conception des lignes d’abreuvement est essentielle pour assurer un débit convenable à chaque point d’eau, précise Loïc Fulbert.
La plupart des abreuvoirs à réserve permettent des débits suffisants, mais pour que celui-ci s’exprime, il doit être associé à une longueur et une section de tuyau adaptées. Le débit devra être d’autant plus important que la réserve sera petite. De 15 à 20 l par minute au minimum sont requis à tous les points d’eau de la stabulation et en permanence », insiste l’expert. Attention, la réserve sert à tamponner le débit mais elle présente un risque de salissement qu’il est nécessaire de limiter (lire l’encadré).
Réfléchir aux agrandissements
« Les défauts les plus criants des installations apparaissent après les agrandissements, constate Loïc Fulbert. On multiplie le nombre de points d’eau, mais on effondre le débit disponible simultanément. Lorsque l’on augmente la longueur de la canalisation pour une même section, on augmente la résistance à l’avancement de l’eau appelée perte de charge. » Concrètement, il est plus difficile de faire avancer un gros volume d’eau dans un tuyau de faible diamètre sur une grande longueur que dans un tuyau de grand diamètre (section) sur une petite longueur. En pratique, il vaut mieux créer de nouvelles lignes plutôt que de les allonger. Les solutions sont nombreuses, et les techniciens en bâtiments sont compétents pour les explorer.
Autre handicap pour les exploitations utilisant un forage, notamment dans le Grand Ouest : l’eau qui en est issue est riche en fer et en manganèse et ces derniers contribuent à l’obstruction des canalisations. Le dépôt diminue en effet la section de la canalisation.
Les signes du sous-abreuvement restent difficiles à déceler. « La présence de conflits autour du point d’eau laisse supposer que chacun ne boira pas convenablement », déclare Benoît Michenot. Pincer le pli de la peau de l’animal peut aussi donner des indications sur son état d’hydratation. « L’eau reste un sujet « vicieux », poursuit-il. Le déficit détériore la santé d’un point de vue global. C’est un élément qui nettoie le corps.
L’ensemble du fonctionnement de l’animal est très lié à l’hydratation et à sa capacité à éliminer les toxines. Même si aucune étude ne l’a jamais mis en évidence, quand un élevage enregistre un grand nombre de « gros nombrils » sur les veaux, je m’interroge toujours sur le bon abreuvement et l’apport en sel de ce troupeau. » Les périodes de l’allaitement et de la préparation au vêlage sont celles où les animaux sont particulièrement sensibles aux déficits.