L’interdiction du glyphosate en France est un virage qui « devrait être fait avec méthode et par paliers » pour « ne pas laisser sur le bord de la route les exploitations en difficulté », a assuré Anne-Claire Vial, présidente d’Arvalis. Auditionnée par la commission de suivi de la stratégie de sortie du glyphosate de l’Assemblée nationale ce 24 juillet, elle a suggéré l’arrêt de l’usage du glyphosate « partout à court terme lorsque c’est possible », afin d’envoyer un message clair aux citoyens, mais « d’établir un cadre permettant de gérer les cas critiques ou conjoncturels ».
Inquiétude pour les zones intermédiaires
Référence est notamment faite aux exploitations situées en zones intermédiaires, pour lesquelles elle se dit « très inquiète ». « Ce sont plusieurs milliers d’hectares qui seraient remis en cause ». Elle a expliqué que déjà aujourd’hui, leurs marges sont faibles (inférieure à 200 €/ha) bien que leur système soit basé sur le glyphosate, dont le faible coût a permis de réduire les charges opérationnelles.
Gestion de flore spécifique (telles que l’ambroisie, le datura ou encore l’orobanche sur la culture du tabac), semis simplifié semis sous couvert végétal : la liste des autres points sensibles a été dressée par Ludovic Bonin, ingénieur référent national en désherbage chez Arvalis. Le cas de l’agriculture de conservation a été soulevé. « Pour ce système, il n’y a pas d’alternative du tout », a assuré Anne-Claire Vial.
Elle a également insisté sur le fort besoin en investissement dans du matériel adapté.
Réglementation à revoir
La présidente d’Arvalis a également souligné des incohérences réglementaires. « Il y a lieu de revisiter la réglementation relative à la destruction des Cipan (1) en zones vulnérables », a-t-elle assuré, expliquant que la météo peut localement empêcher de réaliser le travail du sol mécanique tardif.
Arvalis a lancé cette semaine auprès de 50 000 agriculteurs une enquête sur leurs usages du glyphosate et leur ressenti face à l’évolution de la réglementation. La commission s’est dite intéressée par les retours de celle-ci, qui devraient être disponibles en automne. Elle attend également les conclusions de l’évaluation technico-économique en cours au sein de l’institut.
L’institut technique a par ailleurs profité de l’occasion pour demander à être associé aux travaux de réévaluation des autorisations de mise sur le marché des produits contenant du glyphosate. Le gouvernement n’a en effet mandaté que l’Inra (Institut national de la recherche agronomique) pour ce travail.
(1) Cultures intermédiaires pièges à nitrates.