Quels sujets étaient mis en avant pour l'édition de 2023 des Culturales ?
Nous avons choisi d’axer les présentations techniques sur quatre thèmes, en partenariat avec les autres instituts comme l’ITB et Terres Inovia : protéger la culture, la nourrir, assurer les besoins des marchés et comment se raisonner compte tenu du changement climatique.
Salon : les Culturales s'ouvrent sous le soleil (14/06/2023)
Quels sont les différents volets de la protection des cultures travaillés par Arvalis ?
Prévenir les problèmes, diagnostic, soin, traitement de maladie avec biocontrôle et chimie classique… La santé des plantes est un complexe qui constitue la protection intégrée. Aucun de ces sujets ne sera suffisant à lui seul.
En prophylaxie, nous menons d’importants travaux sur la génétique, dans le but de disposer de variétés tolérantes à des bioagresseurs. Nous explorons également l’immunité végétale, c’est-à-dire comment les plantes peuvent orienter des micro-organismes du sol, voire des parties aériennes, pour développer leur propre immunité, et comment les transformer en levier. Nous travaillons dans une perspective à moyen terme. Nous explorons également comment les plantes peuvent communiquer entre elles.
Nous travaillons également sur le diagnostic des maladies, avec notamment des outils issus de travaux sur la biologie moléculaire. Du côté du soin, nous menons beaucoup d’études sur le biocontrôle, qui reste plus difficile en grandes cultures. Le sujet est porteur. Son efficacité est néanmoins partielle, on ne peut pas en attendre de remplacer la chimie. L’offre, aujourd’hui insuffisante, est à étoffer.
Quelles sont les avancées sur la fertilité ?
Nous nous sommes mobilisés sur le diagnostic de fertilité biologique des sols. Nous avons participé au projet AgroEcoSol, dont le lancement a eu lieu au printemps, en partenariat avec le laboratoire Auréa et l’Inrae. Il s’agit d’une offre de service d’analyse innovante. On connaît l’analyse de la fertilité physique et chimique, mais le domaine biologique est plus récent. L’un des enjeux du projet était le choix d’indicateurs qui puissent être déployés dans un laboratoire de routine. Il fait notamment appel à des outils de dosage de l’ADN du sol, pour caractériser les familles de micro-organismes, leur diversité. Déterminer s’il y en a suffisamment dans une catégorie, pour assurer la minéralisation, la décomposition des résidus… Après l’analyse, l’objectif est de proposer des conseils en termes de pratiques.
Un autre exemple de travaux importants chez Arvalis, qui déboucheront d’ici à 18 mois, est le pilotage intégral de la fertilisation azotée. Jusqu’à présent, on faisait un bilan prévisionnel. Selon les besoins de la culture et la fourniture du sol, on amène un complément, avec l’appui d’un outil d’aide à la décision pour préciser. Cette méthode est confrontée à une difficulté : elle se base sur une estimation du rendement. Or, il est de plus en plus compliqué à prévoir, tout comme la fourniture du sol, s’il manque d’humidité par exemple. Avec le pilotage intégral, on ne fait plus d’hypothèse de rendement. Un satellite vient capter les informations de la plante. Ces données sont couplées avec un modèle CHN (carbone, eau, azote), qui calcule au jour le jour la croissance de la plante, la quantité d’azote absorbée, etc. À cela s’ajoutent les prévisions météo à sept jours. L’opération est répétée au cours du cycle de la culture. Nous avons obtenu de bons résultats, mais qui nécessitent qu’on complète le travail. Il faut des règles de décisions, à adapter selon la région, le type de sol, la variété, le pédoclimat… Il devrait être disponible en 2024.
Quels sont les enjeux des marchés ?
Nous avons illustré aux Culturales la diversité des attentes des céréales, les besoins des transformateurs. Il s’agit de sensibiliser le public, sur ce que cela implique en termes de variétés, de règles de conduites de la culture. Il y a des spécificités à chaque filière. Les exigences se renforcent, et en même temps le changement climatique complique leur mise en place.
Comment l’agriculture intègre-t-elle le changement climatique ?
L’adaptation et l’atténuation du changement climatique constituent deux volets de recherche. Sur l’adaptation, on revient sur le levier génétique. Nous travaillons par exemple avec un institut australien, car leurs blés de printemps sont résistants aux températures élevées. L’idée est de croiser nos génétiques, puis de les évaluer au champ.
Nous travaillons également sur la résistance au stress hydrique. Sur la plateforme Phénofield, des abris mobiles protègent les cultures des pluies pour simuler des sécheresses. Puis nous irriguons à doses différentes pour créer un gradient de stress hydrique. Un phénotypage est ensuite réalisé par des capteurs. L’objectif est d’identifier des génétiques plus résistantes à ces stress.
À la fin de 2022, Arvalis a aussi engagé des travaux sur le compartiment racinaire, avec vingt partenaires, en Europe et en Afrique du Sud. Le but étant de caractériser ce compartiment et déterminer comment ces différentes génétiques peuvent aider dans un contexte de stress hydrique par exemple. Nous réfléchissons aussi à comment adapter les cycles de cultures, par exemple sur les dates de semis pour éviter des périodes stressantes.
Sur la partie atténuation, nous travaillons le domaine du stockage carbone dans le sol. Nous avons notamment participé à la méthode grandes cultures du label bas carbone, sur l’intérêt des exploitations à identifier des crédits carbone.