Les génisses sont souvent considérées comme « le parent pauvre » du troupeau. La priorité est plutôt donnée aux mères avec leurs veaux.
Les jeunes femelles, encore improductives, occupent souvent les parcelles les plus éloignées de l'exploitation. Pourtant, elles assureront l'avenir du troupeau.
C'est pourquoi la conduite de la naissance jusqu'au premier vêlage, et même jusqu'au second, demande une attention toute particulière.
« Trop de génisses vêlent pour la première fois encore tardivement au-delà de trente-six mois, voire même de quarante mois », constatait Jean-Paul Coutard, de la chambre d'agriculture du Maine-et-Loire, lors d'une journée sur l'élevage des génisses organisée par les chambres des Pays de la Loire.
Des périodes de vêlage définies
« La première étape est de choisir ses périodes de vêlage car toute la conduite des génisses en découle, poursuit Romain Guibert, de la chambre agriculture de la Mayenne. Cela nécessite de définir des dates précises et de s'y tenir. »
D'où l'importance de mettre à la reproduction suffisamment de génisses pour pouvoir réformer les femelles improductives ou qui mettent bas en dehors de ces périodes.
Les vêlages de fin d'hiver sont les plus délicats. Le taux de mortalité des veaux est fréquemment plus élevé car plus la saison des vêlages avance, plus la pression microbienne est importante dans les bâtiments.
« Pour les animaux qui ne peuvent rentrer en stabulation qu'à la fin de décembre, leur état peut aussi être un peu juste à la remise à la reproduction, complète-t-il. Or le déficit énergétique dégrade l'intervalle vêlage vêlage. »
Le vêlage d'automne demande une alimentation soutenue des mères et suffisamment de places en bâtiment. Il offre la possibilité de sevrer les veaux avant le manque d'herbe en été. Les risques de mortalité des veaux sont aussi moins élevés à cette période.
Les besoins en fourrage sont moindres avec des vêlages de printemps. Les mères profitent de la pousse de l'herbe mais l'utilisation de l'insémination artificielle est plus contraignante avec des animaux à l'herbe.
Un bon démarrage sous la mère
Les veaux les plus lourds à 210 jours sont les plus lourds à 18 mois. « L'avantage acquis sous la mère grâce au potentiel de croissance du veau et la production laitière des mères se conserve », constate Romain Guibert. Les femelles lourdes et bien développées au sevrage vêlent aussi plus précocement et ont des carcasses plus lourdes à la réforme.
D'où l'importance de conserver ces génisses pour le renouvellement, tout en prenant en compte les conditions de naissances. « Nous recommandons une croissance minimale entre la naissance et le sevrage de 1.050 g/j dans le cas d'un premier vêlage à 30 ou 36 mois, détaille-t-il. Dans le cas d'un vêlage à 24 mois, il faut plutôt viser au minimum 1.100 g/j. »
Un poids suffisant à la reproduction
L'objectif est d'atteindre 65 à 70 % du poids adulte à la saillie pour ne pas compromettre la reproduction. Le poids est un facteur prépondérant dans le déclenchement de la puberté.
« Si l'état des animaux est un peu juste avant la mise à la reproduction, un flushing améliore leur fertilité, note-t-il. Il est possible d'apporter 1 kg de céréales pendant six semaines en commençant trois semaines avant la saillie. »
Attention à la fin de gestation
Les trois derniers mois avant la mise bas sont aussi une période délicate. Un amaigrissement des animaux à ce moment pénalise la fertilité lors de la remise à la reproduction, ainsi que leur production laitière. Cela augmente aussi les risques de vêlage difficile.
De même, des génisses trop grasses vêlent plus difficilement. Reste que cette période n'est pas celle où il convient d'ajuster l'état corporel.
Une alimentation spécifique pour les primipares
Une fois le premier vêlage passé, tout n'est pas terminé. « Les génisses n'ont pas fini leur croissance, prévient Romain Guibert. En moyenne, les génisses atteignent 85 % de leur poids vif à la première mise bas. Il reste 10 % à gagner avant le deuxième vêlage. Le poids adulte sera atteint à 6-7 ans. »
L'alimentation doit donc couvrir les besoins de lactation et ceux pour poursuivre la croissance. Les jeunes ont aussi une capacité d'ingestion plus faible que les adultes, d'où la nécessité d'augmenter la densité énergétique des rations. Il est alors possible d'introduire de l'ensilage d'herbe ou de l'enrubannage.
Dans le cas d'un vêlage précoce, il est recommandé d'apporter 1 UFL de plus pour une première mise bas à 30 mois et 2 UFL ainsi que 100 g de PDI pour un premier vêlage à deux ans.
L'idéal est de pouvoir séparer les primipares pour leur apporter une alimentation spécifique. Si l'effectif n'est pas suffisant pour constituer un lot, il est possible d'y ajouter les femelles les moins développées ou celles qui ont eu des jumeaux.
Jouer sur la croissance compensatriceDes gains moyens quotidiens (GMQ) modérés durant l'hiver permettent de jouer la carte de la croissance compensatrice au printemps. Autrement dit, une légère perte d'état pendant la mauvaise saison améliore la croissance à l'herbe au printemps. En revanche, mieux vaut éviter de compenser en hiver les mauvais GMQ obtenus au pâturage. Economiquement, l'herbe pâturée reste l'aliment le moins cher. Pour des vêlages à trois ans, la croissance peut chuter entre 550 et 700 g/j lors du premier hiver. C'est surtout lors du second hiver que l'effet est le plus important car les génisses sont plus développées. Leur croissance peut alors être comprise entre 350 et 500 g/j. Attention toutefois aux animaux qui vêlent à l'automne. Le début de l'hiver correspond à leur mise à la reproduction. Les croissances doivent être supérieures, de l'ordre de 600 g/j, pour ne pas pénaliser leur fertilité. On ne lève le pied que dans la deuxième partie de l'hiver. Il est aussi possible de jouer sur la croissance compensatrice dans le cas de vêlages à trente mois. Toutefois, les GMQ doivent être légèrement supérieurs aux valeurs indiquées ci-avant. |