Armand Choisnard est installé depuis 2017 à Crouttes (Orne) sur l’exploitation familiale de 145 hectares, comptant trois associés et deux salariés. Les 130 vaches laitières principalement normandes produisent 600 000 litres de lait dans un système maximisant l’exploitation de l’herbe et le pâturage.
À la suite d’une formation du groupement d’intérêt économique et environnemental (GIEE) « Bien vivre avec mon troupeau » réalisée par Hubert Hiron, vétérinaire, en 2021, Armand a mis en place le bar à minéraux. Il s’agit d’un ensemble de récipients permettant de mettre à disposition minéraux, sel et compléments. Les éleveurs avaient arrêté les seaux à lécher il y a cinq ans considérant que la mélasse qu’ils contenaient incitait à une surconsommation.
« Au bout de un ou deux ans, nous avons observé un ralentissement de la croissance des animaux avec des poils moins jolis, note l’éleveur. Certains s’attaquaient aux pommiers. » Faisant suite à la formation du GIEE Armand teste donc rapidement le bar à minéraux. L’éleveur se rappelle : « Les 70 génisses ont consommé 12 kg de minéraux la première journée, soit 171 g par tête. Puis elles se sont régulées à une dose équivalente à celle déjà apportée dans la ration soit 150 g de minéral et 50 g de sel. »
Remorque en matériaux de récupération
« Il faudrait idéalement un équipement pour chacun de nos sept ou huit lots », poursuit Armand, qui en utilise trois pour le moment. Le premier se trouve sur l’aire d’exercice des vaches laitières après la traite, un autre se trouve sur la barrière séparant les parcs dans la stabulation. Les animaux y trouvent cinq seaux contenant minéral (1), sel marin, bicarbonate de sodium, argile bentonite et charbon. « Je ne propose du charbon qu’aux vaches, elles sont censées en manger en cas de mycotoxines. Je l’utilise plutôt comme un témoin. »
Au pâturage, l’enjeu est d’éviter que les seaux soient renversés par les animaux et leur contenu dégradé par les pluies. Armand a ainsi conçu une remorque avec du matériel de récupération, qu’il déplace avec son quad. Elle peut contenir quatre seaux et un bac à eau où l’éleveur place un mélange avec 10 % de vinaigre de cidre, riche en minéraux et oligo-éléments, quand un abreuvoir est disponible dans la parcelle. À défaut, ce bac situé dans la remorque contient seulement de l’eau.
L’éleveur a également testé un « bar en bois » incluant dix seaux différents recouverts de tapis de carrière, mais les animaux l’utilisent moins avec cette protection. Aussi, quand la météo est favorable il privilégie des bidons de 200 litres coupés en complément.
Armand considère que les produits sont globalement faciles à trouver, à l’exception de l’ail dont le prix est très variable. Le plus contraignant est pour lui de déplacer la remorque chaque jour en même temps que les lots et l’eau.
(1) Semoulette contenant 5 % de phosphore, 25 % de calcium et 5 % de magnésium.