Face à la demande grandissante d’éleveurs souhaitant diminuer la part de maïs ensilage au profit de maïs épis, luzerne, ou encore prairies temporaires, l’équipe Bovin lait Grand Est Île-de-France s’est lancée dans une évaluation des impacts économiques et agronomiques des rations alternatives. Selon les résultats présentés fin juin lors d’un webinaire, si le maïs ensilage reste avantageux dans des conditions climatiques standards, les alternatives s’avèrent plus résilientes économiquement en cas de dégradation.
L’étude s’appuie sur une exploitation fictive : un Gaec de deux associés avec robot de traite, 205 hectares de SAU et 77 vaches laitières produisant 8 100 litres annuels. La ration initiale comprend 10 kg de matière sèche (MS) de maïs ensilage, complétée par 6 kg MS d’ensilage de prairie, nécessitant 1 546 kg de concentrés par vache et par an.
Résultats contrastés
Quatre scénarios ont été testés, en maintenant la production laitière dans des contextes climatiques standard et dégradé. Le scénario luzerne-maïs épi partiel (réduction à 6 kg MS de maïs ensilage + 2,5 kg MS de luzerne + 3 kg MS de maïs épi) présente les meilleurs résultats. Il stabilise le revenu disponible en contexte standard (+ 600 €) et l’améliore significativement en situation dégradée (+ 3 400 €), tout en réduisant les besoins en concentrés de 407 kg par vache.
L’introduction de prairie temporaire (6 kg MS maïs + 3 kg MS prairie) s’avère moins favorable en contexte standard (-8 % de revenu) mais atteint l’équilibre en situation climatique dégradée, démontrant une meilleure résilience. Les coproduits humides (5,4 kg MS de mélange acheté) constituent la solution la moins rentable (-23 % de revenu en contexte standard), malgré l’avantage de libérer 7 hectares de SFP pour les cultures de vente. L’arrêt total du maïs ensilage (7 kg MS maïs épi + 3 kg MS luzerne) impacte modérément le revenu (-3 % en standard) mais devient économiquement intéressant en contexte dégradé (+ 3 200 €).
L’étude révèle donc que le maïs ensilage reste performant en conditions normales, mais que les alternatives montrent une meilleure résistance aux stress climatiques. En contexte dégradé (rendements maïs -20 %, qualité dégradée), les systèmes diversifiés avec luzerne et maïs épi surpassent économiquement la référence maïs.