« Les paysans sont au rendez-vous pour la transition, que l’État le soit aussi ! » Soizic Le Bot, éleveuse et co-porte-parole régionale de la Confédération paysanne en Bretagne ne pèse pas ses mots. Dans plusieurs villes de la région, des agriculteurs se sont réunis le mercredi 4 octobre 2023 à l’initiative du collectif régional Bretagne MAEC (mesures agro-environnementales et climatiques) qui réunit la Confédération paysanne, le FRCivam Bretagne et Eau et Rivières de Bretagne. Objectif : interpeler le gouvernement sur le financement des MAEC « largement sous-évalué », selon la Confédération paysanne.

« Pour la seule Bretagne, l’État avait budgété 90 millions d’euros, les demandes nécessitent 150 millions d’euros. Il manque donc 60 millions d’euros ! », s’indigne le syndicat.

De 250 à 350 millions d’euros manquants pour tout le territoire

Redéfinies par la nouvelle politique agricole commune (Pac) européenne, les mesures agro-environnementales sont financées à 80 % par le Feader (Fonds européen agricole pour le développement rural) alloué aux Régions et géré par l’État et à 20 % en cofinancement national (État et agences de l’eau).

Elles sont mises en œuvre via le plan stratégique national et visent à encourager le développement de pratiques écologiques, comme la plantation de haies, l’établissement de prairies ou de mesures de biodiversité.

Seulement, le projet de loi de finances pour 2024, actuellement en discussion à l’Assemblée nationale, prévoit un budget inférieur aux aides demandés.

Au niveau national, l’écart se creuserait entre 250 et 350 millions d’euros, d’après la Confédération paysanne.

Succès des MAEC

Or les MAEC sont « un outil intéressant qui va aider les paysans à prendre le tournant de la transition », relève Soizic Le Bot. « Au vu du nombre de contrats signés, on observe que c’est un outil qui a du succès ! » En Bretagne, 4 400 agriculteurs se sont engagés via les MAEC.

Ils avaient jusqu’au 15 mai dernier pour déposer leur dossier Pac avec une demande d’engagement en MAEC. Mais cinq mois après, le budget du ministère de l’Agriculture n’est pas à la hauteur des sommes nécessaires et crispe le collectif. Les organisations craignent que certains contrats ne soient pas honorés, alors même que le cahier des charges de la MAEC a pu déjà être mis en place depuis le 15 mai.

« Au lendemain de la présentation de la planification écologique, il est insupportable d’envisager que des fermes engagées et volontaires vont être laissées sur le bord de la route à cause d’une sous-budgétisation des financements destinés aux MAEC », proteste la Confédération paysanne.

« On refuse de devoir négocier sur les critères de priorité pour recevoir les aides consacrées au MAEC », défend la porte-parole de la Confédération paysanne. « Le gouvernement dit faire de la transition énergétique mais en actes, l’État n’est pas au rendez-vous. »

Si la Bretagne est particulièrement concernée, d’autres Régions se retrouvent aussi face à un déséquilibre budgétaire comme la Nouvelle-Aquitaine, l’Occitanie, les Pays de la Loire et la Région Auvergne-Rhône-Alpes, selon la Confédération paysanne.

Le 5 octobre 2023, une commission régionale agroécologique et climatique (Craec) prévoit de discuter à Rennes de critères de priorisation et de baisses de plafond, alerte le syndicat.

Les manifestants réunis le 4 octobre 2023 à Quimper, Saint-Brieuc, Rennes et Vannes espèrent donc faire plier le gouvernement et l’obliger à revoir le budget pour intégrer toutes les demandes d’aides MAEC. Le budget devrait être discuté jusqu’en décembre au Parlement. « Si l’État n’est pas au rendez-vous, on saura se faire entendre », avertit Soizic Le Bot.