« Nous sommes inquiets de lire entre les lignes une marche forcée vers le bio ». Vice-président de la Coordination rurale, Emmanuel Rizzi, n’a pas été convaincu par ses échanges récents entre le ministre, son syndicat et les acteurs de la filière bio.

 

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La crainte de prix qui « dégringolent »

La Coordination rurale (CR) craint que le marché devienne déséquilibré. « Le ministre dit qu’il veut développer l’offre bio mais il n’a jamais dit qu’il faut développer une offre bio proportionnelle à la demande. Le risque d’une marche forcée est d’arriver à des surproductions et forcément à des prix de vente qui dégringolent », a-t-il estimé lors d’une conférence de presse donnée le 6 octobre 2021, au Sommet de l’élevage à Cournon dans le Puy-de-Dôme.

 

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« La création de valeur dans la filière bio existe, il faut faire attention à ne pas la détruire. Si on ne maintient pas un prix de vente du bio supérieur au prix de vente du traditionnel, ce sont des producteurs bio qui vont couler car les coûts de production sont supérieurs », a expliqué Emmanuel Rizzi, qui est également éleveur en agriculture biologique dans le Jura.

Le nouveau cahier des charges bio inquiète

La CR voit d’un mauvais œil les nouvelles conditions de production mises en place à partir du 1er janvier 2022, en particulier en ce qui concerne les bovins allaitants et l’obligation d’un accès au plein air pendant toute la durée de l’engraissement.

 

« On a interpellé le ministre sur la complexité du dispositif car les bâtiments ne sont pas adaptés pour cette nouvelle mesure. Les investissements qui seront à faire pour cette nouvelle mise aux normes ne seront pas répercutés sur le prix de vente des animaux. Cela permettra juste de garder sa certification bio », a souligné Emmanuel Rizzi.

 

Le syndicat considère que cela va poser des difficultés pour la finition des animaux durant l’engraissement. Pour la CR, la mesure obligera les éleveurs à aménager soit un accès complet aux pâtures, soit un accès à une aire découverte. « Si c’est une aire découverte, on aura des problèmes assez importants d’effluents. Les zones d’exercice étanches et accessibles presque à volonté par les animaux seront recouvertes de déjections et la pluie tombera dessus. Résultat, il y aura un volume important d’eau peu chargée, donc pas valorisable en lisier et trop sale pour être envoyé dans les égouts classiques », précise le vice-président de la CR.

 

« Il faudra donc prévoir une fosse à lisier aux normes actuelles avec des coûts impossibles à assumer pour des éleveurs et des bâtiments qui n’étaient pas prévus pour ça », a surenchéri Bernard Lannes, président du syndicat.

 

La CR réclame « un taux de découverture le plus faible possible ». « Et non à 50 % comme l’a arbitré l’Inao », a précisé Emmanuel Rizzi. Selon le syndicat, le ministre aurait affirmé il y a 15 jours être prêt à remettre le sujet sur la table au sein de l’Inao.