L’attaque d’une vache a eu lieu la semaine dernière, à quelques centaines de mètres de l’exploitation, sur l’alpage de Cenise (Haute-Savoie). Il s’agissait d’un animal prêt à vêler. Les rapaces lui auraient crevé les yeux alors qu’elle pâturait dans la pente. Totalement déséquilibrée, la vache aurait roulé au pied de la pâture. Les exploitants ont accouru, mais trop tard, l’animal était mort.

Reconstitution

Les exploitants ont reconstitué la scène grâce aux observations des habitants de la zone. Ceux-ci ont déjà été témoins du mode opératoire des rapaces sur les bouquetins. Avec des jumelles, il est facile de les suivre. Depuis quelque temps, les villageois du secteur signalent par ailleurs des populations de vautours de plus en plus importantes.

Quelques jours avant l’attaque de la vache, les rapaces avaient consommé une génisse appartenant au même exploitant sur un autre alpage en altitude. Cette jeune femelle faisait partie d’un lot géré en groupement pastoral. Avant la découverte « macabre », les jeunes génisses, en bonne santé, avaient quitté leur alpage clôturé à deux reprises et dévalé la pente. « La deuxième fois, nous les avions retrouvées à deux heures de marche de leur estive, là où elles descendent des bétaillères », souligne l’un des propriétaires. Elles étaient complètement affolées et apeurées par les vautours.

Une « situation intenable »

« Les agriculteurs de la zone n’en peuvent plus, s’insurge Marie-Louise Donzelle, vice-présidente de la chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc. Un jour c’est le loup ou le lynx, le lendemain ce sont les vautours, la situation est intenable. » Certains éleveurs de moutons ne veulent même plus exploiter certains secteurs. « Qui va entretenir la montagne ? », interroge Marie-Louise Donzelle.

M.-F. Malterre