« Pour la définition de ce protocole ours à problèmes, nous nous sommes inspirés des Italiens », indique Philippe Lacube, président de la chambre d’agriculture de l’Ariège. Ces derniers ont déterminé une échelle de dangerosité des confrontations homme-ours, ce qui les amène à capturer et ou abattre huit ours dans la même année. « Ces décisions restent conformes à la législation européenne, souligne le responsable. Cette proposition est née à la suite d’un voyage que nous avons réalisé dans le Trentin, en Italie, où un jeune randonneur avait été tué par un ours. Là-bas, les prédateurs sont plus nombreux que chez nous et l’élevage de brebis a quasiment disparu, contrairement aux Pyrénées. Il reste des troupeaux de vaches laitières qui rentrent chaque soir en bâtiment. »

La pression dans les zones occupées par l’ours en France augmente toutefois de plus en plus. D’où la volonté pour les éleveurs en particulier de sécuriser davantage l’espace. Pour intervenir à bon escient, ces derniers demandent plus de transparence sur le tableau de chasse de chacun des ours. « Dans 90 % des cas, les agents de l’Office français de la biodiversité relèvent des indices (poils ou crottes) lors des constats de prédation, souligne Philippe Lacube. Des analyses sont réalisées dans la foulée, mais les résultats ne sont jamais rendus publics. » S’attaquer aux ours récidivistes serait une des clés pour apaiser la situation.

Un protocole spécifique à la prédation

Une échelle de « dangerosité prédations ours » a aussi été élaborée, spécifiquement en raison de la présence de nombreux troupeaux ovins dans les Pyrénées, à la différence de la zone du Trentin, en Italie.

Ce protocole prévoit par exemple que lorsqu’un ours prédate à de nombreuses reprises dans un village à proximité des habitations, celui-ci puisse être capturé pour une captivité permanente et définitive ou bien abattu.

L’ensemble de ces réflexions vient en réaction à la difficulté de mettre en place le protocole prévu actuellement pour la gestion de ces ours à problèmes. « Aucun n’a jamais abouti », regrette Philippe Lacube. Les deux propositions de protocoles ont été envoyées aux ministères de l’Écologie, de l’Agriculture et de l’Intérieur. Car le problème de la prédation revêt en enjeu de sécurité publique. » Les différents cabinets du gouvernement n’ont pas pour l’instant donné leurs avis sur les suggestions des Pyrénéens.