Inspiré du modèle allemand, le projet repose sur le déploiement d’une vingtaine de caissons mobiles, rattachés à deux unités fixes d’abattage, de part et d’autre du département de Loire-Atlantique. « Accompagner nos animaux, depuis leur naissance jusqu’à leur mort, est notre motivation première. C’est une façon de leur marquer notre respect », rapporte Guylain Pageot, éleveur laitier en Loire-Atlantique et président de l’Aalvie. La fermeture de l’abattoir de Challans il y a un an, en Vendée, n’a fait que conforter notre choix de franchir le cap et de créer un outil de proximité. »

 

« Non seulement ce projet répond à des attentes sociétales fortes sur le bien-être animal, mais il va aussi permettre de reconstruire des circuits de proximité pour la viande […] », souligne Guillaume Riou, président de la Fédération national de l’agriculture biologique (Fnab), dans un communiqué diffusé le 7 juillet 2020. À l’heure actuelle, près de 150 éleveurs sont intéressés.

 

 

Le caisson comme « prolongement de l’unité fixe »

 

Avec l’appui coordonné des services de l’État, des vétérinaires et des professionnels d’abattage, les deux premières étapes (étourdissement et saignée) seront réalisées à la ferme, en présence des éleveurs. Les caissons mobiles, faisant office de « remorques routières », seront ensuite renvoyés à leur unité fixe respective pour assurer la mise en carcasse, dans le respect des normes sanitaires. « Le temps entre la saignée et l’éviscération ne doit pas dépasser une heure », précise Guylain Pageot. C’est pourquoi les caissons sillonneront le territoire dans « un rayon maximum de 60 km autour de chaque unité fixe », complète la Fnab.

 

Pour mener à bien ce projet, une société coopérative d’intérêt collectif (Scic) sera créée. « Si tous les partenaires du projet participeront au capital et seront impliqués dans la gouvernance, ce sont les éleveurs qui traceront les lignes directrices, complète Guylain Pageot. L’idée est de retomber sur les mêmes coûts qu’un abattage classique, transport compris. »

 

Un projet en cohérence avec les attentes locales…

Une fois les rouages du système en place, « chaque unité sera en capacité de traiter vingt gros bovins par jour », indique le président d’Aalvie. Pour parvenir à cet objectif, douze personnes seront mobilisées pour assurer le fonctionnement des unités fixes et le transport des caissons. Si les premiers intéressés semblent être les producteurs en vente directe, « nous espérons que le projet puisse aboutir et contribuer à l’amélioration d’une alimentation locale et de qualité pour tous, y compris en restauration collective », conforte Bernard Lebeau, vice-président au développement économique de proximité, à l’économie sociale et solidaire, au tourisme et aux ports.

… Et fédérateur

Cette question « épineuse » de la mise à mort de l’animal a su rassembler le plus grand nombre. « Les membres du comité de pilotage sont représentatifs de l’ensemble des mouvements agricoles : FNSEA, Confédération paysanne, Coordination Rurale, Groupement d’Agriculteurs Biologiques, Civam, Crapal (Conservatoires des Races Animales en Pays de la Loire », affirme l’association dans son dossier.

 

Pour construire ce travail de « défrichage » économique, sanitaire et réglementaire, le collectif d’éleveurs a pu compter sur le soutien de nombreux partenaires et élus locaux.

 

« Le premier test d’abattage d’une vache a été mené en février 2020 et il s’est avéré concluant, rapporte Guylain Pageot. Depuis le printemps 2020, les services vétérinaires ont donné leur feu vert au plan de maîtrise sanitaire. Il n’y a plus qu’à se lancer », fait savoir Guylain Pageot. Les porteurs du projet espèrent une mise en activité d’ici à septembre 2021.