Installés à Salvagnac, Isabelle Granier et Pascal Beneschi possèdent une centaine d’hectares le long de la rivière Tescou qu’ils cultivent en sec. Même s’ils avaient une autorisation pour irriguer, ils ne pourraient pas en bénéficier. Depuis plusieurs semaines, comme chaque été, le cours d’eau est asséché. Le dernier orage date du 14 juillet, et un arrêté préfectoral interdit tout prélèvement pendant le mois d’août.
« Par chance, il a plu au bon moment »
« Ces terres, sans eau, ne valent rien, confie Isabelle. Nous y avons mis de la luzerne et du trèfle, comme précédents au blé que nous sèmerons l’année prochaine. Mais nous ne pouvons pas envisager de productions mieux valorisées. Par chance, il a plu juste au bon moment pour nos cultures, mais ce n’est pas le cas de tous nos voisins. »
« À la mi-août, l’un d’eux attendait la pluie pour espérer voir grossir son tournesol bio. L’année dernière, il avait semé des lentilles bio, une production qui aurait pu lui rapporter gros. Mais la sécheresse au moment de la floraison et l’impossibilité d’arroser ont sérieusement handicapé ses rendements. Il est tout juste rentré dans ses frais et n’a réalisé aucun bénéfice. »
Revenus insuffisants
Comme la plupart des agriculteurs de la vallée du Tescou, Isabelle et Pascal se sont battus pour qu’une retenue d’eau soit créée sur le site de Sivens, mais une énorme opération de zadistes a fait échouer le projet en 2014. Cette eau aurait servi à l’irrigation des terres agricoles, mais aussi de réserve en cas d’incendie et aurait permis de réalimenter la rivière en été, afin de sauvegarder la biodiversité, mise à mal par la sécheresse.
« Si la retenue s’était faite, nous aurions pu cultiver 5 à 6 ha de maraîchage en plein champ et des semences d’ail et d’oignon, regrette Isabelle. Une légumerie est en cours de création dans le secteur, pour approvisionner les cantines. Nous aurions pu y livrer nos productions. Mais nous avons abandonné l’idée. » Aujourd’hui, seuls les exploitants possédant de petites réserves collinaires peuvent espérer obtenir des productions valorisantes.
« Nous avons un petit lac, près de la ferme, grâce auquel nous irriguons 6,8 ha de maïs semences et 50 ares de patates douces, reprend Isabelle. Nous avons donné accès à notre eau à un voisin qui a pu faire 2 ha d’ail. Mais nos productions ne nous permettent pas de vivre. Sans le complément de revenu que nous touchons du conseil départemental, en tant que famille d’accueil, nous ne nous en sortirions pas. »