Pierre Maurer est sur les dents. Il a 100 000 plants de tomates à mettre à fil et autant à planter. Mais avec quel personnel ? D’habitude, il embauche durant six mois une centaine de saisonniers en plus des 70 permanents actifs sur les quatre sites de son entreprise à Dorlisheim (Bas-Rhin).
La préfecture refuse
Son intention d’affréter un vol au départ de la Roumanie avec 120 saisonniers prêts à intervenir chez cinq maraîchers alsaciens a tourné court à cause du Covid-19. « Tout était organisé : 120 personnes dans un avion de 190 sièges, le transport sur place, un hébergement séparé… Mais la préfecture a invoqué le « risque » que présentait leur venue », se désole l’agriculteur.
Deux cents candidats s’étaient bien présentés au début du confinement pour travailler dans les serres et les champs. Cent vingt ont été retenus, 65 déclarés. La plupart étaient en chômage partiel, désireux de compléter leur revenu. « Ils ne sont pas sûrs de rester après le 11 mai. Ils récoltent en moyenne 5 kg d’asperges à l’heure contre 15 kg pour un habitué. Chacun coûte 75 € en frais administratifs. Beaucoup s’arrêtent quand ils en ont assez. Dix-huit sont restés. Le 28 avril, huit ne sont pas venus car ils craignaient la pluie annoncée », poursuit le maraîcher.
La moitié des asperges laissées au champ
De plus, Pierre Maurer laissera 25 de ses 50 ha d’asperges au champ. Une perte de 30 000 €/ha de produit brut. Si rien ne bouge, il jettera les tomates qui restent à planter. « Le manque d’offre fait déjà monter les prix. C’est au détriment du porte-monnaie du consommateur », prévient-il.
Henri Roy